“Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui Dumont
© “Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui Dumont

Orientation : stop aux préjugés sur la voie pro !

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Un lycéen sur trois est un lycéen professionnel. Les préjugés sur cette filière, qui prépare au CAP ou au bac pro, sont nombreux et lui donnent une image moins flatteuse que la voie générale. Elle a pourtant beaucoup d’atouts. Okapi les fait découvrir à votre ado dans son numéro du 1er décembre !

“La voie pro, c’est réservé aux mauvais élèves !” PAS DU TOUT

Il est vrai que les collégiens en échec y sont davantage aiguillés, parfois dans des spécialités qui ne leur conviennent pas et qu’ils abandonnent en cours de route. Mais la voie pro attire aussi des passionnés et des élèves voulant découvrir rapidement le monde du travail.
Le témoignage de Maxime, 17 ans, en Tle pro Études et définition de produits industriels (EDPI) :
“J’ai fait une 3e classique, mais au lycée, je ne m’imaginais pas rester en cours sur une chaise. Comme j’aime beaucoup la 3D, j’ai choisi une formation de dessinateur industriel. Je vais certainement continuer en BTS et pourquoi pas en école d’ingénieur.”

“La voie pro, c’est pour les paresseux !” TOTALEMENT FAUX

Outre les matières générales et celles propres à chaque spécialité, les lycéens pro simulent la vie professionnelle en ateliers et effectuent 22 semaines de stage en entreprise. C’est même plus que cela en apprentissage, où le lycéen alterne cours et vie en entreprise tous les 15 jours, voire toutes les semaines.
Quand on choisit l’apprentissage pour décrocher son CAP ou son bac pro, on n’a pas de vacances mais on touche un salaire ! Avant 18 ans, il est de 370 € par mois en 1re année, 547 € en 2e année et 785 € en 3e.
Le témoignage de Victor, 16 ans, en 1re pro Systèmes numériques (par alternance)
“J’ai autant d’heures de cours que les lycéens généraux, et en plus, tous les quinze jours, j’alterne avec mon apprentissage dans une grande entreprise. Du coup, je n’ai pas de vacances scolaires. C’est assez fatigant car le rythme change tout le temps.”

“La voie pro, c’est pour faire un métier manuel !” ÇA DÉPEND

ACT-ART-SUPERMANIl existe une centaine de spécialités de bac pro et pas moins de 200 CAP. Si l’on pense spontanément à des métiers comme soudeur, boulanger ou cuisinier, on peut aussi s’initier aux métiers de la photo, de l’audiovisuel, de l’informatique, des arts (accordeur de piano, accessoiriste au cinéma…) et bien sûr aussi des services (vente, petite enfance…).
Les élèves qui regrettent leur choix de 2de professionnelle ou de 1re année de CAP peuvent changer de voie avant les vacances de la Toussaint !
Le témoignage d’Antoine, 17 ans, en Tle pro Études et définition de produits industriels (EDPI)
“On passe notre journée sur des ordinateurs pour concevoir des pièces qui peuvent aller d’un crayon à une fusée ! Cela demande d’être bon en maths pour calculer la résistance, les mouvements, etc. Après, j’aimerais faire un BTS puis travailler dans l’animation 3D pour créer des films ou des jeux vidéo.”

“La voie pro, c’est pour les garçons !” EN PARTIE VRAI

Oui, les garçons sont majoritaires, surtout dans les spécialités industrielles (85 %). Mais d’autres spécialités sont très féminines (69 % dans les métiers de service). De plus en plus d’initiatives existent pour encourager la mixité des formations. On espère que d’ici à quelques années, un apprenti esthéticien et une future couvreuse de toit n’étonneront plus grand monde !
Après le collège, 40 % des garçons se dirigent en 2de pro, contre 29 % des filles.
Le témoignage de Solène, 25 ans, technicienne tuyauteuse dans l’industrie navale :
“Dans mon bac pro technicien-chaudronnier, nous étions… deux filles ! Il faut avoir un minimum de caractère pour travailler dans l’industrie, mais il faut surtout faire preuve de patience, de minutie et être doué en trigonométrie. Ces qualités ne sont pas propres aux garçons !”

“La voie pro, c’est la fin des matières générales !” FAUX

“Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui DumontLa moitié du programme y est consacrée : français, histoire-géo, maths, langues vivantes (deux dans les services, une en industrie où l’on étudie en plus la physique-chimie), enseignement civique et moral, arts appliqués, EPS. Des cours de philo ont même été expérimentés dans certains lycées ! À la différence du lycée général, les profs préparent des cours plus concrets et plus participatifs.
Le témoignage de Mireille Duguy, Professeur de français-histoire-géo en lycée pro
“On fait beaucoup plus d’activités que de cours magistraux : travaux d’écriture en français (récits, argumentation), observation de documents en histoire-géographie. Je limite mon temps de parole au maximum pour laisser parler les élèves.”

“La voie pro expose plus facilement au chômage !” PAS SI SIMPLE

Les diplômés de la voie pro ne sont pas moins protégés du chômage que ceux de la voie générale. Tout y est aussi question de choix de spécialité. Les filières industrielles, le secteur de l’énergie, l’hôtellerie-restauration ou les métiers de la sécurité ont ainsi de bien meilleurs résultats que le secrétariat, les métiers de l’édition et de l’imprimerie ou ceux du son et du spectacle.
Les bacs pro s’en tirent mieux que les CAP. Et 65 % des apprentis trouvent un poste sept mois après leur sortie, contre 49 % des élèves sous statut scolaire.
Le témoignage de Victor, 16 ans, en 1re bac pro Systèmes numériques (par alternance)
“Je suis en apprentissage dans une grande entreprise des télécoms pour faire du service après-vente. Après mon BTS ou mon DUT, je voudrais devenir administrateur réseaux. Je n’ai aucune inquiétude pour mon insertion professionnelle car le numérique est de plus en plus présent dans nos vies.”

“La voie pro, ce sont des études courtes !” EN PARTIE VRAI

Si on le souhaite, on peut entrer sur le marché de l’emploi après son CAP ou son bac pro. Mais on peut aussi poursuivre en BTS ou en DUT. Et rien n’empêche, ensuite, de rejoindre une école de commerce ou d’ingénieur. Un bachelier pro sur trois (et un titulaire de CAP sur cinq) poursuit ses études. Mais cette proportion pourrait augmenter dans les années à venir car de plus en plus de programmes permettent à ces élèves de bien se préparer aux études supérieures.
Il existe une poignée de classes prépa réservées aux bacheliers pros pour préparer une école de commerce ou d’ingénieur (Strasbourg, Marseille, Nîmes…).
Le témoignage de Clément, 20 ans, en BTS Négociation relation client
“Après le collège, j’ai fait un bac pro Gestion administration, une filière assez large. J’ai enchaîné avec un BTS Négociation relation client, où je retrouve des bacheliers généraux. Après, j’aimerais faire une licence professionnelle pour devenir commercial itinérant. Ce que je trouve bien dans la voie pro, c’est que tout est possible si on veut évoluer !”

“La voie pro ne mène pas aux métiers de demain !” FAUX

Certains diplômes disparaissent, d’autres se créent, surtout par apprentissage. Cette année, 500 nouvelles formations en alternance sont lancées. Elles peuvent être liées aux besoins d’une région (montagne, thermalisme, viticulture) ou d’un bassin d’emploi (industrie navale, métiers du cuir). Mais aussi à des métiers émergents comme le numérique (modélisation de données du bâtiment, réseaux et fibre optique) ou l’environnement (mobilité, éolien, smart city).
Le témoignage d’Émilien, 15 ans, en 1re bac pro GPPE (gestion des pollutions et protection de l’environnement)
“Mon bac pro n’a que quatre ans ! Plus tard, j’aimerais devenir pompier spécialisé dans la dépollution. On est vraiment en train de faire du mal à notre planète et on aura besoin de gens formés pour protéger notre environnement. Je suis sûr que mon métier sera très en vue demain.”“Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui Dumont

“La voie pro, ça n’intéresse personne !” ÇA DÉPEND

Quand on parle du lycée à la télé, c’est souvent pour parler du bac général. Mais les mentalités évoluent ! De plus en plus de cadres (ingénieurs par exemple) osent se reconvertir dans un métier artisanal (ébéniste, menuisier, cuisinier…). La voie pro n’a pas dit son dernier mot !
Le témoignage de Vincent Guerlais, chocolatier-pâtissier à Nantes
“Je recrute beaucoup d’apprentis car c’est le meilleur moyen d’apprendre le métier. La pâtisserie est un secteur qui embauche et où l’on peut faire une belle carrière. Comme mon chef chocolatier, titulaire d’un CAP, qui a triplé son salaire en dix ans.”

“La voie pro, c’est pour les autres !” ÇA DÉPEND

On n’y pense pas toujours spontanément, mais pourquoi s’interdire cette voie si on a une passion bien ancrée, comme créer des bijoux ou s’occuper des chevaux ? Ou un projet professionnel précis, comme devenir cuisinier dans un grand restaurant ou restaurateur de violons ? Le plus dur reste de convaincre ton entourage, tes parents notamment, qui ont parfois en tête une voie unique de réussite.
Le témoignage d’Antony, parent d’élève en voie pro
“Quand Maël était en 3e et voulait partir en bac pro Métiers de la sécurité pour devenir policier, j’ai accepté à reculons. D’autant que ses profs le voyaient bien en 2de générale. Mais il est si épanoui aujourd’hui que je ne regrette rien. Son petit frère suit le même trajet. Il regarde vers la voie agricole.”
Les apprentis ont leurs JO, les Olympiades des métiers, où s’affrontent les meilleurs de leur spécialité pour des épreuves pouvant durer 20 heures !
“Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui Dumont

Découvrir la voie pro dès le collège

Deux choix sont possibles :

  • Intégrer une 3e “prépa pro” permet de découvrir, en plus des matières classiques, la filière professionnelle six heures par semaine (stages, visites d’entreprises, de lycées pro, de CFA…). Rien n’interdit ensuite d’intégrer une 2de générale ou techno si on a le niveau.
  •  Intégrer, à partir de 15 ans, un Dima, ou “dispositif d’initiation aux métiers en alternance”. Pendant un an, on travaille dans une entreprise tout en poursuivant sa scolarité dans un CFA (centre de formation des apprentis).

Les bacs pro aux meilleurs taux d’insertion (par apprentissage, en 2016)

Dans l’industrie

  • Forêt-espaces verts-faune sauvage-pêche (93 %)
  • Mécanique aéronautique et spatiale (81 %)
  • Énergie-génie climatique (76 %)

Dans les services

  • Accueil-hôtellerie-tourisme (74 %)
  • Santé (72 %)
  • Sanitaire et social (68 %)

Pour davantage d’informations, consultez le site education.gouv.fr

Des métiers insoupçonnés

  • Du côté des CAP : accessoiriste ou projectionniste de cinéma, accordeur de piano, relieur, chocolatier-confiseur, bijoutier-joaillier, luthier, maroquinier, orfèvre, réparateur de bateaux de plaisance, sellier, etc.
  • Du côté des bac pro : facteur d’orgue, perruquier posticheur, producteur graphique, prothésiste dentaire, technicien dans l’aviation générale, les métiers du cuir, l’optique-lunetterie, etc.

“Stop aux préjugés sur la voie pro”, Okapi n° 1057, 1er décembre 2017. Texte : Florence Pagneux. Illustrations : Yomgui Dumont