Qui est vraiment Cyril Hanouna ? Le décryptage de “Phosphore”

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Influent, populaire, aussi détesté qu’admiré, Cyril Hanouna est aujourd’hui un visage incontournable des médias, flirtant avec la politique et le monde des affaires. Comment a-t-il peu à peu tissé sa toile et créé son empire ? Que sait-on de ses motivations ? Le magazine Phosphore raconte à ses lecteurs l’envers du décor pour leur donner envie d’aller plus loin que les apparences et développer leur esprit critique.

L’animateur a débarqué comme une rockstar sur W9, suspendu dans les airs. Il a promis de faire rire. En coulisses, sa mission est d’élargir et rajeunir les audiences de la chaîne. Car il y a toujours ce qu’on voit (un fond rose bonbon pour un nouveau programme baptisé Tout beau tout neuf) et ce qui se joue loin des projecteurs. C’est ce que nous avons voulu raconter à nos lecteurs, qui peuvent tomber sur ses émissions à la télé, à la radio (l’animateur enchaîne près de six heures de direct chaque jour) ou sur des montages de vidéos sur les réseaux sociaux. Nous avons ainsi exploré ses liens avec le milliardaire Vincent Bolloré (qui l’a propulsé sur C8 avec Touche Pas à Mon Poste), son rapprochement avec la sphère politique, d’Emmanuel Macron à Jordan Bardella. Et une ascension qui s’est construite sur de nombreux dérapages (insultes, théories complotistes, canular homophobe, agressions sexuelles). Cyril Hanouna a été condamné à 36 reprises par l’Arcom (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), cumulant 7,6 millions d’euros d’amendes.

Tout cela a contribué à la fermeture de C8. Reste que cette période l’a rendu extrêmement puissant : millionnaire depuis la vente de sa société de production et millionnaire en vues sur les réseaux, puisqu’il cumule 2 millions d’abonnés sur les réseaux. Une influence nécessaire à décrypter à hauteur d’ados, à l’heure où l’information, la politique et le divertissement se mélangent étrangement.

Apolline Guichet, cheffe de rubrique multimédia de Phosphore

Image extraite de l’enquête “Le mindset Hanouna”, à lire dans Phosphore #29 du 12 septembre 2025.

Le “mindset” Hanouna

Aussi détesté qu’admiré, Hanouna surfe sur son époque. Il s’engage contre le racisme au début des années 2000 avant d’inviter l’extrême droite à sa table quinze ans plus tard. Entre-temps, il est devenu riche et populaire. On a tenté de comprendre ses motivations.

Chef de bande

Dans l’émission TPMP qui a révélé Cyril Hanouna au grand public, parler de la télé est un prétexte. Ce qui captive, c’est le casting : au début, les chroniqueurs ne sont pas connus. On se retrouve devant nos écrans comme dans un repas de famille avec l’oncle lourdaud, la cousine énervée, le souffre-douleur, le fayot, la bonne copine… On regarde ces gens très différents autour d’une table et on attend l’engueulade pour choisir son camp, selon les arguments de chacun.

Le double jeu Hanouna

Le nom de l’émission Touche pas à mon poste est une référence au slogan de l’association SOS Racisme « Touche pas à mon pote ». À ses débuts sur le service public en 2007, Hanouna anime une soirée qui lui tient à cœur : Rire contre le racisme. On est alors à la veille d’une nouvelle élection présidentielle et le choc de 2002, avec l’arrivée du Front national de Jean-Marie Le Pen au second tour, est dans toutes les têtes. Douze ans plus tard, Hanouna interviewe le même Le Pen en le faisant jouer à « Darka/Rassrah » (j’aime ou j’aime pas).

Accro aux dérapages

Les audiences augmentant avec les polémiques, il a fallu en faire toujours plus, quitte à ouvrir les vannes pour tomber dans le crade. Insultes, théories complotistes, diffusion de photos dénudées d’une personnalité, canular homophobe, baiser non consenti d’un chroniqueur sur la poitrine d’une invitée… Hanouna a été condamné à 36 reprises par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), pour un montant de 7,6 millions d’euros d’amendes. Des sanctions qui ont pesé dans la balance au moment du renouvellement des fréquences des chaînes de la TNT, menant à la fermeture de C8.

Peur de l’oubli ?

Hanouna connaît la gloire à presque 40 ans. Pendant vingt ans, il a enchaîné les jeux et les émissions télé avec des passages à vide. Sa peur, c’est d’être relégué en deuxième division, de rejoindre la catégorie des gens rigolos qu’on oublie. Alors quand il tacle gratuitement la journaliste Léa Salamé en disant « elle est sympathique mais elle est encore en Ligue 1, elle n’est pas encore en Ligue des champions », c’est la pire des attaques à ses yeux.

Cyril Hanouna, un animateur businessman

Invité récemment au déjeuner du Chinese Business Club, l’animateur a déclaré : « Je n’ai jamais voulu être célèbre. Le seul truc que je voulais, c’était être riche, dans tous les sens du terme. » Il énumère les jobs qu’il a essayés avant d’arriver à ce constat : « La seule chose que je sais vendre ici, c’est moi. » Et depuis qu’il a cédé sa boîte de production, l’animateur est millionnaire. Il investit dans des secteurs très variés : la télé et le cinéma, l’immobilier, une chaîne de barber shop, un club de padel… Il vient aussi de lancer son agence de communication pour gérer l’image de célébrités.

Texte : Apolline Guichet, extrait de l’enquête “Le mindset Hanouna”, à lire dans Phosphore #29 du 12 septembre 2025.