Ils étaient dix, Le Crime de l’Orient-Express, La Mystérieuse Affaire de Styles… Cinquante ans après la mort d’Agatha Christie, ses polars restent des bestsellers. L’écrivaine britannique (1890-1976) fait partie des auteurs les plus lus au monde. Pour trouver la clé de son succès, ses histoires ont été disséquées, son style regardé à la loupe. La “reine du crime” est une énigme à elle toute seule… Elle aurait carrément pu être un personnage de roman ! Je bouquine entraîne les 12-15 ans dans une grande enquête pour mieux la connaître et donner envie à nos ados de lire ses œuvres !
En décembre 1926, Agatha Christie, 36 ans, se volatilise pendant onze jours. Que s’est-il passé ? L’autrice n’a jamais voulu en parler. Je bouquine a trouvé la lettre (fictive) d’un inspecteur de Londres, pas très doué pour tenir sa langue… Pendant une dizaine de jours, l’autrice loge sous un faux nom au Swan Hydropathic Hotel, dans le Yorkshire.
Londres, le 15 décembre 1926
Ma très chère sœur,
Je ne résiste pas à l’envie de te dévoiler l’heureux dénouement de l’affaire qui nous tient en haleine depuis plusieurs jours. Tu auras sans doute appris la nouvelle par les journaux, bien avant que ma lettre ne te parvienne. Mais en tant qu’inspecteur en chef à Scotland Yard, je détiens quelques informations de première main. Considère cela comme un petit cadeau de Noël en avance. Après onze jours de battue dans tout le pays, de fausses pistes et d’hypothèses farfelues, nous avons retrouvé Agatha Christie ! Ton autrice préférée loge au Swan Hydropathic Hotel, dans le Yorkshire.
C’est un des musiciens de l’orchestre qui l’a reconnue. Je sais ce que tu vas te dire : cet établissement se situe à plus de 350 km de l’étang où l’on a trouvé sa voiture abandonnée, celle dans laquelle ont été découverts son manteau et sa carte d’identité… Intriguant, n’est-ce pas ? Plus étonnant encore : figure-toi que la malheureuse prétend ne se souvenir de rien ! Elle ignore ce qu’elle fait ici et pourquoi elle est enregistrée sous le nom de Teresa Neele. Étrange… Nous avons prévenu son mari sans tarder. Le colonel Archibald Christie est un homme charmant qui ne semble pas nous en vouloir de l’avoir désigné comme suspect numéro 1. À son arrivée, sa femme ne l’a même pas reconnu ! Je ne suis pas médecin, mais Agatha Christie m’a tout l’air de souffrir d’amnésie. Peut-on dire que notre affaire est résolue ? J’en doute car trop de questions restent encore en suspens. Peut-être aurais-je d’autres détails à te raconter lorsque nous nous retrouverons pour le réveillon. Je t’embrasse,
Ton frère adoré, Georges Sharptongue* (“Sharp tongue” : équivalent anglais de l’expression “avoir la langue bien pendue”).

Un plan manigancé par la reine du polar ?
L’année 1926 a vraiment été horrible pour Agatha Christie : sa mère est morte, elle a appris que son époux la trompait avec une certaine Miss Neele. Tiens, tiens… ne serait-ce pas le nom sous lequel l’écrivaine s’est enregistrée dans l’hôtel où on l’a retrouvée ? Elle n’a jamais parlé de sa disparition, pas même dans son autobiographie de près de mille pages, emportant son secret dans sa tombe… L’une des hypothèses serait qu’elle ait voulu se venger de son pilote d’avion de mari, s’offrant au passage un joli petit coup de pub !
Le bureau d’Agatha Christie à la loupe : une vie fantasque en 6 objets
La photo de son chien
Pour ses 5 ans, Agatha Christie a reçu un chiot en cadeau. Dans sa biographie, elle raconte que, submergée par la joie, elle est partie se réfugier dans les toilettes ! Une fois le choc passé, Tony et elle sont devenus inséparables. La grande histoire d’amour de l’écrivaine avec les chiens a commencé avec lui. Plus tard, en 1937, elle a rendu hommage à un autre de ses compagnons à quatre pattes, dans le roman policier Témoin muet.
Des figurines de pyramides
En 1907, à 17 ans, Agatha Christie a découvert l’Égypte. Elle a passé trois mois au Caire, durant lesquels elle allait au bal cinq fois par semaine ! Le tourisme, ce n’était pas trop son truc… Mais vingt ans plus tard, elle a enfin découvert les temples de Louxor et Karnak, et les autres merveilles de ce pays, avec son second mari Max Mallowan, un archéologue qui l’emmenait sur ses chantiers de fouilles. L’idée du roman Mort sur le Nil lui est venue lors d’une croisière sur le fleuve en 1933.
Des fioles de poison
Agatha Christie est surnommée “la reine du crime” ! Elle avait des connaissances scientifiques précises sur les poisons… Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’écrivaine était préparatrice en pharmacie : elle manipulait des drogues et des poisons utilisés à petite dose pour soigner les soldats. Dans un peu moins de la moitié de ses 67 romans, à commencer par le tout premier, La Mystérieuse Affaire de Styles, c’est même l’arme du crime !

Un masque vénitien
L’autrice britannique est mondialement connue pour ses romans policiers. Mais elle écrivait aussi des romans d’amour sous une fausse identité, celle de Mary Westmacott. Agatha Christie aimait parler de tous les genres d’amour, comme dans Ainsi vont les filles, où elle s’intéresse aux liens entre une mère et sa fille.
Un stylo, des carnets
Fun fact : on peut être l’une des écrivaines les plus célèbres du monde et être un peu fâchée avec l’orthographe ! Agatha Christie faisait, de son propre aveu, beaucoup de fautes. Quand elle avait une histoire en tête, elle commençait toujours par coucher ses idées sur le papier, à l’aide d’un crayon. En 2004, après la mort de sa fille unique Rosalind, 73 cahiers griffonnés de son écriture illisible et truffés de ratures ont été retrouvés dans la maison familiale.
Et des livres, of course !
La mère d’Agatha Christie avait une théorie : il ne fallait pas apprendre la lecture à un enfant avant l’âge de 8 ans, c’était soi-disant mauvais pour les yeux ! Oups, sa fille adorée Agatha Mary Clarissa Miller a appris à lire toute seule à l’âge de 4 ans. Depuis ce jour, la jeune fille commandait toujours des contes de fées pour Noël et pour ses anniversaires.
La recette du succès d’Agatha Christie : des héros iconiques
Agatha Christie a donné vie à deux détectives intemporels : Hercule Poirot et Miss Marple. Portraits-robots de deux (anti)héros !
L’excentrique Hercule Poirot
Profession : détective privé professionnel.
Date et lieu de naissance : 22 janvier 1877, à Bruxelles.
Nationalité : belge.
Détail physique : des yeux verts perçants de chat et une moustache cirée. Cet ancien policier, très fier de sa célébrité, aime qu’on le supplie pour obtenir son aide. Il n’accorde que peu d’importance aux preuves retrouvées sur une scène de crime. Il a un vrai don pour écouter les gens sans leur donner l’impression de subir un interrogatoire. Un véritable détecteur de mensonges vivant capable de “faire passer à table” le plus rusé des criminels ! Voilà une expression qui convient parfaitement à un détective qui adore manger.
Retrouve Hercule Poirot dans ces romans :

La casanière Miss Marple
Profession : détective amatrice.
Date et lieu de naissance : inconnus. On sait seulement qu’elle a entre 65 et 70 ans.
Nationalité : britannique.
Détail physique : une silhouette menue et élégante, des yeux bleus pétillants. Miss Jane Marple vit à St. Mary Mead, un petit village imaginaire de la campagne anglaise. Elle occupe ses journées en jardinant, en prenant le thé avec ses copines et en lisant des romans policiers. Les enquêtes lui tombent dessus par hasard. Son intuition et son bon sens compensent largement son manque d’expertise policière et de moyens scientifiques.
Retrouve Miss Marple dans ces romans :

“Agatha Christie : les secrets de la reine du crime”, article extrait du magazine Je bouquine n° 503. Texte : Laureline Dubuy. Illustrations : Hamo.



VIVRE ENSEMBLE, des ressources extraites des magazines Bayard Jeunesse