5 questions d’enfants sur les événements du 7 au 11 janvier 2015 - Illustration : Stéphanie Aune-Blake
© 5 questions d’enfants sur les événements du 7 au 11 janvier 2015 - Illustration : Stéphanie Aune-Blake

5 questions d’enfants sur les événements du 7 au 11 janvier 2015

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L’attentat de Charlie Hebdo, la prise d’otages du magasin casher de la porte de Vincennes, la mobilisation du 11 janvier… Ces événements résonneront longtemps dans l’actualité et dans les esprits des plus jeunes. Les rédacteurs et rédactrices en chef de nos magazines jeunesse ont souhaité répondre collectivement aux questions les plus fortes suscitées par ces journées exceptionnelles.

“Pourquoi tout le monde dit : “Je suis Charlie” ?”

Charlie Hebdo est le nom d’un magazine hebdomadaire français. Le 7 janvier, des terroristes ont tué douze personnes dans les bureaux de Charlie Hebdo parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec des textes et des dessins publiés dans ce magazine.
Depuis, des millions de gens ont défilé dans les rues avec des pancartes “Je suis Charlie”, ce qui veut dire : “Je suis pour que Charlie Hebdo existe, comme moi, et qu’il puisse dire ce qu’il pense, comme moi. Même si je ne suis pas d’accord avec ses idées !” “Je suis Charlie”, ça veut dire : “C’est important que les gens aient le droit de penser librement sans se faire tuer. Et pour vivre libre, il faut une presse libre, c’est-à-dire des magazines, des journaux, des radios, des chaînes de télévision et des sites internet qui expriment librement toutes les idées des citoyens.” Ceux qui ont dit “Je suis Charlie”, voulaient dire : “Je suis pour la liberté, tout simplement.”

“Ils l’ont bien cherché, ils savaient que certains voulaient les tuer et ils ont continué : pourquoi ?”

L’équipe de Charlie Hebdo savait qu’elle prenait des risques en publiant chaque semaine un journal avec des dessins et des propos faits pour se moquer. Mais elle n’avait pas voulu céder à la menace de mort de ceux qui voulaient les faire taire. Car, la Loi dans notre pays, protège la liberté de pensée et d’expression de tout le monde. Si certains se sentent insultés ou mis en danger par ce que dit, écrit ou dessine publiquement quelqu’un, ils peuvent porter plainte devant la Justice. Le journal Charlie Hebdo a été attaqué en justice plusieurs fois par des gens qui se sentaient offensés. Il a gagné certains procès, mais il en a aussi perdu d’autres, pour injures.
La liberté d’expression ne nous autorise pas à dire n’importe quoi non plus. Nous n’avons pas le droit d’inciter à la haine, au meurtre ou au racisme, par exemple. En France, l’État défend la paix entre les citoyens, quelles que soient leurs religions, leurs opinions, leur couleur de peau, leur sexe, etc. Comme dans toutes les démocraties, le meurtre est interdit par la Loi et il est interdit de se faire justice soi-même. Ce sont des interdits fondamentaux qui nous obligent à chercher comment bien vivre ensemble avec nos différences.
Quand on se moque de quelqu’un et qu’on le caricature, on ne sait pas toujours l’effet que cela fait sur lui. Si, soi-même, on peut être capable de rire de beaucoup de choses même très bêtes ou très méchantes, on a du mal à imaginer que quelqu’un d’autre ne fonctionne pas pareil. Or il peut se sentir blessé au plus profond de lui-même. On risque, malgré soi, de déclencher une réaction de grande violence chez celui qui ne se sent pas respecté. Mais chacun de nous doit apprendre à ne pas réagir par la violence. Entre avoir envie d’assassiner quelqu’un et le faire pour de vrai, il y a un pas qu’on n’a jamais le droit de franchir. C’est ce pas-là que les terroristes de l’attentat de Charlie Hebdo ont franchi.

“Ils se sont moqués de Mahomet. Pourquoi ils ont le droit de se moquer des religions ?


”

Depuis plus de cent ans, la France est un pays laïque : cela veut dire que chacun a le droit de croire ou non en Dieu, de pratiquer ou non une religion. On peut être chrétien, juif, musulman, bouddhiste… ou athée (ne croire en aucun Dieu). Chacun peut pratiquer sa religion comme il le souhaite, mais il ne doit pas l’imposer aux autres. Il peut appliquer les règles de sa religion (prière, nourriture, fêtes, habillement…) tant qu’elles ne vont pas contre les lois du pays.
En France, la Loi est au-dessus de toutes les règles des religions.
 Parmi ces lois, il y en a une très importante : c’est la liberté d’expression. Chacun a le droit de dire ou d’écrire ce qu’il pense… tant que cela n’incite pas à la haine, à la violence ou au racisme. On a donc le droit de se moquer de Dieu et des religions, du pape, de Jésus ou de Mahomet… comme du président de la République. Quand des musulmans croient qu’on n’a pas le droit de dessiner Mahomet, cela vaut pour eux, mais ils ne peuvent pas l’imposer aux autres citoyens. Alors pour les musulmans, comme pour nous tous, cela n’est pas toujours très facile de se sentir moqués. Mais cela fait partie de la vie d’une démocratie de pouvoir se critiquer les uns des autres, même en se moquant.

“Les islamistes qui ont fait les attentats, c’est pareil que des musulmans ?”

Non, ce n’est pas pareil. Les auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris étaient des islamistes. C’est-à-dire des personnes qui ont une certaine vision de la religion musulmane, très autoritaire, et qui croient que leur vision de l’islam est la seule et unique vérité. Pour ces personnes, leurs règles religieuses sont supérieures à toutes les autres règles de vie en commun, et elles doivent être suivies par tout le monde. Ceux qui ont fait les attentats de Charlie Hebdo et du magasin juif sont, en plus, des fanatiques. Aveuglés par leur croyance, ils ne tolèrent pas que d’autres personnes ne pensent pas comme eux, ou que d’autres encore se moquent de leur religion. En assassinant des personnes pour cela, ils sont devenus des terroristes.
Rien à voir, donc, avec l’immense majorité des musulmans. Ceux-là sont des croyants de l’islam, une religion fondée par le prophète Mahomet. C’est une grande religion comme le christianisme, le judaïsme, l’hindouisme… Il y a malheureusement des fanatiques de toutes les religions ou croyances. Mais heureusement tous les croyants ne sont pas des fanatiques, loin de là. Ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on perd la raison. La grande majorité des gens, qu’ils soient musulmans, chrétiens, juifs… ou non croyants, pensent que la vie de chaque personne est sacrée, et que ceux qui tuent au nom de leur religion ne sont pas des croyants mais des fous.

Est-ce qu’ils peuvent venir dans notre école ?

Les actes criminels des terroristes ont choqué tout le monde. C’est normal d’avoir peur car c’est extrêmement violent. Mais si on parle autant des attentats de Charlie Hebdo et d’un magasin juif, c’est que cela arrive très rarement en France. Nous vivons dans un pays où l’État protège bien les citoyens. Depuis que ces terribles événements ont eu lieu, des décisions très importantes ont été prises par François Hollande, le président de la République. Il a demandé à des milliers de policiers, gendarmes et militaires de se mobiliser pour empêcher que cela recommence. Les policiers sont armés et surveillent les lieux, en région parisienne et dans toute la France, qui peuvent être particulièrement visés par des gens violents.

Les rédacteurs et rédactrices en chef de Bayard Jeunesse – Illustration : Stéphanie Aune-Blake