Entre la liste au Père Noël à rallonge, la baisse du pouvoir d’achat et l’envie de consommer plus responsable, déterminer les bons cadeaux à offrir à nos enfants n’est pas toujours aisé. Et si les moments partagés avaient finalement plus de sens que les paquets empilés ?
Le 25 décembre, Noah, 6 ans, ne reçoit qu’un seul paquet, souvent un livre ou un jeu éducatif, de la part du Père Noël. « Avec mon conjoint, nous avons fait le choix de ne pas être dans la course aux cadeaux », explique simplement sa mère Priscillia. Chez elle, la priorité est donnée au temps passé en famille. « Nous sommes très épicuriens. Nous faisons la fête, de bons repas. Si nous sommes à Paris, nous allons au restaurant, à la patinoire, au marché de Noël, voir des spectacles, du théâtre immersif comme le Grand Hôtel des Rêves du Père Noël, visiter le château de Vaux-le-Vicomte… » Le père biologique de Noah étant canadien, la famille prévoit aussi des après-midis luge et des soirées jeux de société lors des vacances au Québec.
”Ce n’est pas au nombre de cadeaux qu’on montre qu’on l’aime à son enfant”
Si le récit de Priscillia n’est pas représentatif de tous les parents, il montre que le matériel n’est pas l’essentiel. Pour Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste des enfants et de la famille, « Noël, ce sont les cadeaux, mais pas seulement. Il y a le partage, l’esprit de famille, la disponibilité des parents. L’objectif n’est pas d’accumuler, on peut offrir des cadeaux plus marquants, comme un spectacle qu’on fera ensemble. » À toute fin utile, elle rappelle que « ce n’est pas au nombre de jouets qu’on montre qu’on l’aime à son enfant. »

La règle des quatre cadeaux
La règle des quatre cadeaux vient souvent répondre à l’interrogation du nombre. Un cadeau désiré par l’enfant, un cadeau utile, un livre et un vêtement seraient l’équilibre parfait. « La notion de ce qui est raisonnable est très différente selon le ou les parents et dépend de l’histoire personnelle, du lien avec les enfants et du contexte socio-économique », nuance Aline Nativel Id Hammou. Mais attention, si une règle est édictée par les parents, mieux vaut la respecter. « Je reçois des enfants à qui les parents parlent de cette règle des quatre cadeaux, mais ils me disent qu’ils savent bien qu’ils auront souvent plus. Certains parents se laissent aller : ils veulent bien faire, mais sont inondés de conseils contradictoires », ajoute la psychologue.
Un budget cadeaux restreint
À en croire une étude de l’Observatoire du Commerce Indépendant, les Français auraient prévu de consacrer en moyenne 470 € au budget de Noël, soit 38 € de moins qu’en 2024. Un changement surtout motivé par les contraintes financières. « Nous n’assistons pas à une forme de sobriété, mais bien à une volonté de préserver son pouvoir d’achat. Les préoccupations environnementales et éthiques ont reculé depuis la poussée inflationniste », analyse Philippe Moati, cofondateur de l’Observatoire Société et Consommation (ObSoCo).
Le rituel de la liste au Père Noël
Dans ce contexte, savoir répondre aux éventuelles frustrations des enfants est essentiel. Pour commencer, Aline Nativel Id Hammou encourage les parents à prendre très au sérieux l’exercice de la liste au Père Noël. Faire ce rituel ensemble et demander à l’enfant quel est pour lui le cadeau le plus important permet de mieux cibler les attentes.
Si malgré tout une grosse déception s’invite le 25 décembre, comment réagir ? « Entre 6 et 10 ans, quand l’enfant est déçu, il oublie tout ce qu’il a devant lui. Il faut accueillir sa tristesse, laisser la crise émotionnelle passer et ensuite en discuter avec lui. C’est l’occasion de rappeler ce qu’est Noël, que le Père Noël a eu un raté et qu’il n’est pas parfait. » Pour déculpabiliser les parents, la psychologue conclut : « Quand il a trop de cadeaux, l’enfant est un peu perdu. Même pendant les fêtes, la frustration reste constructive. »
Hélène Guinhut


VIVRE ENSEMBLE, des ressources extraites des magazines Bayard Jeunesse
