Illustration : Isacile. Popi n°406, juin 2020.
© Illustration : Isacile. Popi n°406, juin 2020.

Le pot sans stress

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Chaque mois, le cahier Parents du magazine Popi aborde un sujet d’éducation, de vie quotidienne ou d’éveil en donnant la parole à des spécialistes de la petite enfance. À l’approche de l’été, une psychomotricienne démêle le vrai du faux parmi quelques idées courantes sur le pot. Ses conseils vous aideront à préparer votre enfant à abandonner les couches, à son rythme… et sans tension.

La “propreté”, ça s’enseigne à l’enfant –  Faux

Quand on parle “enseignement de la propreté” à la psychomotricienne Monique Busquet, elle tique un peu : “Mieux vaut parler d’acquisition de la continence”. “Acquisition”, parce qu’abandonner la couche dépend du “développement neuromoteur et psychologique du cerveau de l’enfant”, explique-t-elle. Ce moment où le petit contrôle ses sphincters de l’anus et de la vessie, et où donc il est capable d’analyser ses sensations, ne peut être “choisi” par l’adulte. Il survient quand l’enfant est prêt, physiologiquement et psychologiquement, tout simplement.

“Le vrai-faux du pot - Le pot sans stress”, supplément pour les parents du magazine Popi n°406, juin 2020. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Isacile.

Au terme de “propreté”, Monique Busquet préfère celui de “continence” : “Parler de propreté, cela induit que l’enfant était, auparavant, sale. Or, c’est simplement que, jusque-là, il ne savait pas contrôler ses muscles, qu’il n’avait pas encore acquis la maturité pour le faire.” Laisser la couche, c’est aussi une affaire de mots… Pour la psychomotricienne, il est essentiel de faire confiance au petit : “Nous sommes dans une société qui pense encore que si on n’oblige pas l’enfant à grandir, ce n’est pas bien. Inutile de s’angoisser : il a en lui ce moteur de maturation.

On peut préparer l’enfant à aller sur le pot – Vrai

Si l’adulte ne peut décréter le moment où l’enfant ira sur le pot, on peut préparer cette étape en amont avec lui. « Quand on le change, parlons avec lui, suggère Monique Busquet. “Tu as fait caca, je te mets une nouvelle couche et je vais aller jeter l’ancienne à la poubelle.”» Quand on le voit en train de pousser, on peut lui signaler : “Tu es en train de faire caca ? Quand tu voudras, tu pourras aller sur le pot ou sur les toilettes comme les grands.”

Le passage peut se faire “vers 18, 20, 22 mois”, évalue Monique Busquet. Et le pot se propose quand l’enfant s’y intéresse : quand il commence à dire “pipi”, “caca”, bref à nommer les choses. “C’est bien que le pot soit, en tous les cas, dans le paysage”, estime Monique Busquet. Instaurer des “heures” est, en revanche, contre-productif : “On va conditionner l’enfant par automatisme. Si on fixe des heures pour aller sur le pot, il ne saura pas lui-même reconnaître ses sensations. Et il ne sera pas autonome puisqu’il réglera sa physiologie sur celle de l’adulte.” Et Monique Busquet de conclure : “Parce qu’ils sont attentifs à leurs ressentis, beaucoup d’enfants deviennent propres du jour au lendemain.”

Le pot est une étape obligatoire – Faux

Si la majorité des petits passe effectivement par le pot, certains sautent cette étape pour se diriger directement vers les toilettes des grands. “Ce sont souvent des enfants plus pressés d’imiter les adultes”, note Monique Busquet. À côté des toilettes, on pose un petit tabouret afin que l’enfant puisse s’installer sur le siège. Et, bien sûr, on installe un réducteur sur la cuvette afin qu’il soit plus à son aise.

“Le vrai-faux du pot - Le pot sans stress”, supplément pour les parents du magazine Popi n°406, juin 2020. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Isacile.

Les petits ont parfois peur du pot/de la cuvette – Vrai

Aller sur le pot ou sur les toilettes “des grands”, cela peut sembler parfois un peu effrayant pour les petits. “C’est ce qu’on appelle l’angoisse de morcellement, explique Monique Busquet. L’enfant peut avoir peur de perdre un morceau de son corps. Sont ici en jeu les notions de contenu/contenant.” On peut donc lui expliquer avec des mots simples le processus de la digestion et rappeler pourquoi c’est important d’aller aux toilettes, en quoi cela fait du bien au corps.

Concernant les toilettes des grands, l’anxiété repose souvent sur la peur de tomber dans le trou. Avec un réducteur, le petit se sent plus soutenu et a moins le sentiment d’être dans le vide. Cela contribue à le rassurer.

“Le vrai-faux du pot - Le pot sans stress”, supplément pour les parents du magazine Popi n°406, juin 2020. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Isacile.

Il faut féliciter l’enfant quand il est allé sur le pot – Faux


“Bravo ! C’est super ! Tu as réussi !” Qui n’a jamais vu un parent s’extasier devant son enfant qui vient d’aller sur le pot (ou sur les toilettes) ? Or, pour Monique Busquet, cela ne s’impose pas et serait même inefficace. “Aller sur le pot, ce n’est ni bien ni mal. Et lui dire “Tu as réussi”, cela induit l’idée que, le jour où il n’y arrive pas, ce sera un échec.” On peut sobrement souligner qu’il y est allé “comme les grands”. Pour la psychomotricienne, le passage sur le pot brasse des enjeux plus larges qu’il n’y paraît : “C’est important de transmettre à l’enfant qu’il ne s’agit pas de faire plaisir à l’adulte, qu’aller aux toilettes, ce n’est pas un cadeau qu’il lui fait.”

Laisser le petit aller à son propre rythme, écouter ses sensations, faire pour lui et non pour l’autre, c’est tout simplement lui apprendre à respecter son corps, à se respecter.

“Le vrai-faux du pot - Le pot sans stress”, supplément pour les parents du magazine Popi n°406, juin 2020. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Isacile.

À lire… pour en rire

Lionel fait caca
Il fait n’importe quoi, Lionel ! Le petit lion fait caca sur… des balles de tennis ou des chats sauvages ! Un livre malicieux, dont le héros décomplexé rassurera les petits angoissés par le passage aux toilettes. Et qui peut susciter la discussion : “Et toi, où est-ce que tu penses qu’il faut faire caca ?”
Éric Veillé, Actes Sud Junior.

Le grand voyage de monsieur Caca
Pour les plus grands, un livre qui explique comment, à partir d’une pomme croquée, monsieur Caca effectue un grand périple dans le corps. Une bonne façon de répondre aux questions des enfants.
Angèle Delaunois et Marie Lafrance, Les 400 coups.

Moi je vais sur le pot
Qui va sur le pot ? Le lapin ? Le chien ? Le mouton ? Non… pas les animaux ! Mais alors, qui va sur le pot ? C’est nous, et le bébé quand il est prêt. Un album qui dédramatise les petits accidents !
Jeanne Ashbé, Pastel.

“Le vrai-faux du pot – Le pot sans stress”, supplément pour les parents du magazine Popi n°406, juin 2020. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Isacile.