Illustration : les superpouvoirs du sommeil.
© Illustration : Clémence Sauvage. Popi n° 473.

Sommeil des tout-petits : comment bien dormir pour bien grandir

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Pour un jeune enfant, le sommeil, on le sait, c’est important. Oui d’accord, mais combien d’heures ? Et la sieste, c’est jusqu’à quel âge ? Et s’il refuse de s’endormir ou enchaîne les réveils nocturnes ? Les infos de notre expert, médecin pédiatre, et les astuces du magazine Popi pour dire “bâille-bâille” aux galères de la nuit !

Dormir comme un bébé ? La bonne blague ! Mais de quel bébé parle-t-on ? Du bébé “idéal” (pour les parents) qui enchaîne illico les dix heures d’affilée, ou de celui qui se réveille toutes les deux heures des années durant ? De celui qui s’endort après “une histoire, un bisou… et au lit !” ou de celui qui réclame mille et un rituels sans jamais être rassasié ? Le sommeil, c’est toute une aventure pour un petit : un passage, un moment de séparation, de lâcher-prise, qui demandent à être accompagnés sereinement. À nous de le rassurer sans en faire trop. De trouver le bon équilibre. Ce mois-ci, Popi, le magazine Bayard Jeunesse des 1-3 ans, explore ce monde doux et mystérieux du sommeil. Dodo, l’enfant dormira bien vite !

Gwénaëlle Boulet, rédactrice en chef du magazine Popi

Notre expert
Arnault Pfersdorff est médecin pédiatre. Il est l’auteur de Votre enfant de 0 à 16 ans
(Hatier, 2024) et de Mon enfant ne dort pas (Hachette, 2018).

Bien dormir pour bien grandir

Reprenons les fondamentaux. « Pour l’enfant, le sommeil est une période de récupération, rappelle Arnault Pfersdorff. Vers 1 an, c’est le début de la marche et des grandes acquisitions. Cela demande beaucoup d’énergie. Dormir va donc permettre au petit de récupérer sur le plan moteur – les muscles sont au repos – et sur le plan psychique. Sans oublier que pendant la nuit, les intestins sont également au repos, et les hormones un peu aussi. » Le médecin recommande des nuits de neuf à dix heures en moyenne. Et d’affirmer : « Jusqu’à sa cinquième année, le jeune enfant se trouve en période de croissance rapide. Pour bien grandir, il a besoin d’un bon sommeil, d’une alimentation équilibrée… et d’affection. C’est primordial. »

« Notre fille dort bien la nuit. En revanche, elle ne fait pas beaucoup la sieste l’après-midi. Est-ce parce qu’elle n’en a pas besoin ? » Aimée, maman de Léonore, 3 ans.

Obligatoire, la sieste ?

« Certains enfants ont besoin d’une seule sieste de trois quarts d’heure l’après-midi, alors que d’autres vont s’offrir une sieste en matinée et de deux-trois heures après le déjeuner », constate Arnault Pfersdorff. Un grand classique de l’éducation : la règle, c’est qu’il n’y a pas de règles. Ou plutôt que les besoins des enfants diffèrent : « Certains sont très actifs, ont besoin de jouer beaucoup. » Pour le pédiatre, la nuit de dix heures et la sieste d’une heure après le déjeuner constituent une moyenne.

Que faire si bébé a du mal à s’endormir ?

Les difficultés d’endormissement sont plus fréquentes entre 1 et 3 ans. Dès 9 mois, les bébés commencent à ressentir l’angoisse de séparation : il est donc important de les aider doucement à devenir autonomes. Mais « prendre l’enfant dans nos bras pour qu’il s’endorme n’est pas la solution. Le parent n’est pas un doudou géant », rappelle le pédiatre.
En cas de difficulté, une solution peut être d’investir différemment la chambre de l’enfant durant la journée pour que, le soir venu, celle-ci ne soit pas perçue comme un espace d’abandon. On peut lui demander : « Tu m’invites dans ta chambre ? » pour y passer un peu de temps ensemble. On vient avec un livre, cinq à dix minutes, sans s’occuper particulièrement de lui, en le laissant faire sa vie. Et plus tard, quand l’enfant est au lit, on s’installe dans un fauteuil ou sur un petit matelas : « Comme le parent est là, il n’y a pas de stress, la mélatonine entre en action et, bientôt, le petit s’endort. Attendez quinze minutes, conseille Arnault Pfersdorff, le temps qu’il plonge dans son sommeil profond. Après deux-trois semaines de ces rituels, les soucis d’endormissement devraient rentrer dans l’ordre. »
Évitez aussi de classer votre enfant dans la case « il ne veut pas dormir » : rien de tel pour figer la situation ! Dites-vous que cette phase est transitoire.

Illustration : Super Parent contre Super Trouille. © Clémence Sauvage.

Comment calmer les réveils nocturnes de bébé ?

Que faire du classique réveil nocturne, ce cri soudain en pleine nuit qui fait accourir les parents ? En premier lieu, lorsque c’est possible, notre expert conseille aux parents de se relayer un soir sur deux pour que chacun puisse profiter d’une vraie nuit de repos. On entre dans la chambre sans prendre l’enfant dans les bras, on reste près de lui en murmurant doucement : « Je suis là. » On passe éventuellement un linge humide à la racine de ses cheveux (ni sur le front ni sur les yeux, ce qui le réveillerait complètement). Au bout d’un moment, le sommeil revient. En suivant ce rituel pendant quelques semaines, le problème devrait progressivement disparaître.

Petit appartement ou chambre partagée : comment s’organiser

Face au sommeil, nous ne sommes pas tous égaux. Un appartement petit ou mal isolé peut rendre les nuits plus difficiles, pour l’enfant comme pour les parents. Si l’enfant partage une chambre avec des frères et sœurs, Arnault Pfersdorff préconise d’aménager à chacun un coin personnalisé, avec ses jeux, ses affiches… Si le plus jeune s’endort plus tôt, on peut le mettre dans notre lit et le déplacer quand le grand va lui-même se coucher. Et si on partage la chambre avec bébé, installer son lit, si possible, à l’autre bout de la pièce… Tout en relativisant : car « après tout, rappelle le pédiatre, au Japon, les familles dorment dans la même pièce. Tout ça, c’est très culturel » !

« Nous vivons dans un tout petit appartement parisien. Notre fils dort dans notre chambre, car nous avons préféré laisser notre aîné, qui est un ado, seul dans sa chambre. Ce n’est pas l’idéal, mais on n’a pas le choix. » Marion, maman de Théo, 13 ans, et Livio, 2 ans.

Illustration d'enfant qui se lève très tôt. © Clemence Sauvage.

« Notre fils a tendance à se lever extrêmement tôt. Aux alentours de 5 heures du matin depuis qu’il est né. On ne va pas se mentir : on est un peu au bout de notre vie… »
Julien, papa de William, 2 ans.

Sommeil : halte à la comparaison entre enfants !

Le bon sens mérite d’être rappelé : les parents doivent écouter et observer leur enfant pour comprendre son rythme. Inutile de comparer avec les frères et sœurs ou les enfants des autres. Et surtout, si vous avez des doutes, n’hésitez pas à consulter un professionnel. Arnault Pfersdorff insiste : « On ne cherche pas les infos sur Internet ! C’est le meilleur moyen de se perdre et de se sentir dépassé. » Oui au marchand de sable, non à la poudre aux yeux !

Des questions sur le sommeil ? Attention aux infos et fausses promesses sur internet !

“Les superpouvoirs du sommeil”, article extrait du supplément pour les parents du magazine Popi n° 473. Texte et recueil des témoignages : Joséphine Lebard
Illustration de la couverture et du dossier : Clémence Sauvage.

Couverture du magazine Popi n° 473 (janvier 2026) et son supplément pour les parents.
Couverture du magazine Popi n° 473 (janvier 2026) et son supplément pour les parents.

Des chansons pour bien dormir

“Musique magique - Chansons pour bien dormir” Bayard Jeunesse.

Cet album sonore, réalisé en partenariat avec la Philharmonie des Enfants, est un régal autant pour les yeux que pour les oreilles. Chaque double page dévoile un univers poétique, dans lequel l’imaginaire de l’enfance déploie ses ailes. Un bel écrin pour quatre petits poèmes délicieusement mis en musique.
“Musique magique – Chansons pour bien dormir”, d’Esther Thibault et Lucile Placin, Bayard Jeunesse, 15,90 €, dès 12 mois.