Phosphore n°443, mai 2018 - Fake news : comment aiguiser l’esprit critique des ados ?
© Phosphore n°443, mai 2018 - Fake news : comment aiguiser l’esprit critique des ados ?

Fake news : comment aiguiser l’esprit critique des ados ?

Publié le

Les fausses infos circulent en grand nombre sur les réseaux sociaux et les jeunes y sont particulièrement exposés. Pour aider votre enfant à s’informer, le magazine Phosphore lui donne des outils et des repères fiables qui lui permettront de se poser les bonnes questions et de ne pas se laisser piéger !

Des infos volontairement fausses ou truquées

“Le pape soutient Donald Trump”, “Macron veut faire payer un loyer aux propriétaires”… Avec la présidentielle américaine, puis française, on a vu déferler des centaines de fake news, ces infos volontairement fausses ou truquées, sur les réseaux sociaux. Qui les diffuse ? Des sites marchands ou des hackers qui veulent générer du clic (et donc de l’argent via la pub). Des supports (Russia Today, Sputniknews…) qui veulent orienter le débat public selon leurs croyances ou combats politiques. C’est le cas récemment du lobby des armes à feu aux États-Unis, qui diffuse de fausses infos sur les lycéens qui se sont engagés contre la vente libre d’armes. Dans tous les cas, ces acteurs manipulent de vraies informations en les analysant à leur manière, ou omettent une partie de la réalité, ou inventent un récit “plausible” mais inexact.

Les jeunes sont particulièrement sensibles à ces “fake news”, touchés par des photos truquées (quelquefois, changer la légende suffit à modifier le sens d’une image), attirés par ces récits sulfureux où la vérité semble ailleurs… Une étude du prestigieux institut de recherche américain du MIT a révélé qu’une fausse nouvelle met six fois moins de temps à atteindre 1 500 personnes qu’une vraie. Qu’une vraie info est rarement partagée par plus de 1 000 personnes quand les 1 % de “fake news” les plus populaires peuvent toucher 100 000 individus.

Comment alors aider vos enfants à faire le tri ? Ce ne sont pas Facebook et Google qui vont le faire… Et qui voudrait d’un système dans lequel l’État se chargerait de définir quelle information est bonne ou mauvaise ? C’est à vous, à l’école et à nous, journalistes de la presse jeunesse, d’aider les jeunes à aiguiser leur esprit critique. Nous le faisons, d’abord, en les aidant à se poser les bonnes questions face à une info, une vidéo, une photo.

Des outils fiables pour décrypter et comprendre l’actu

À Phosphore, nous donnons les outils pour analyser des photos, à l’aide d’une rubrique récurrente, qui donne une petite “grammaire” de l’image. Où est placé le photographe ? Que laisse-t-il hors champs ? À quelle hauteur est-il ? Autant de questions à se poser pour comprendre son “point de vue”. Ce qu’il nous montre, et ce qu’il nous cache. Nous donnons aussi des outils techniques pour que les jeunes sachent retrouver la provenance d’une vidéo, une méthode pour qu’ils sachent dénicher la source d’une info.

Enfin, nous répondons dans chaque numéro – désormais tous les 15 jours pour être plus réactifs – aux questions que les ados se posent sur l’actualité. Nous souhaitons ainsi leur redonner les bases, les éléments de contexte, pour qu’ils puissent appréhender les grands faits qui structurent l’actu. Dans le numéro daté du 1er mai, nous répondons ainsi à la question d’une lectrice : “Où en est-on de la lutte contre Daech ?“

À un âge où ils ont bien souvent raté le début des “feuilletons” de l’actualité (ils avaient moins de 10 ans quand la guerre en Syrie a commencé), redire qui est qui, les forces en présence, les intérêts des uns et des autres, leur permet d’être moins sensibles aux discours simplistes, qui donnent une grille de lecture du monde rapide mais inexacte.

Donner à vos enfants les clés et les outils pour ne pas être dupes, mais aussi des infos sûres, vérifiées, adaptées à leur âge pour qu’ils entrent avec plaisir dans l’actualité, c’est ce qui donne du sens à notre travail.

David Groison, rédacteur en chef du magazine Phosphore

Couverture du magazine Phosphore n°443, mai 2018