À l’école élémentaire, la cour de récréation n’est pas qu’un lieu de pause entre deux leçons : c’est aussi un espace de socialisation, de jeux et parfois de disputes. Le magazine Bayard Jeunesse, Astrapi, aide les 7-11 ans à passer de bons moments en récré avec des conseils, des idées et des témoignages. À lire avec nos enfants pour échanger sur un sujet dont ils parlent rarement… et sur lequel nous aimerions bien en savoir (un tout petit peu) plus…
Astrapi a calculé : les élèves à l’école élémentaire vont vivre cette année 280 récrés, 326 en cas de classe le mercredi matin. Ils s’apprêtent donc en 2025-2026 à passer au minimum 70 heures dans la cour, le double lorsqu’ils mangent à la cantine, et encore plus s’ils fréquentent le centre de loisirs le soir ou le mercredi. La cour de récré est bien sûr un LE lieu de vie sociale de nos enfants.
Chouette, c’est la récré !
Dans son numéro 1063, Astrapi, propose un dossier « Chouette, c’est la récré ! ». Construit autour de témoignages d’enfants, il vise à faire circuler la parole entre eux. Variété des jeux, gestion des conflits, inclusion de tous et toutes… Nos lecteurs y piocheront des idées pour vivre au mieux dans la cour et affronter les soucis auxquels ils pourraient être confrontés à la récré.
Dans la cour, nos enfants effectuent un travail essentiel, indispensable à leur développement et reconnu comme tel par la Convention internationale des droits de l’enfant : jouer. Ils expérimentent aussi les rapports sociaux, apprenant à trouver leur place au milieu d’individus variés et parfois, hélas, à faire face au rejet ou à l’exclusion, qu’ils en soient victimes ou témoins.
La cour est LE lieu où les enfants se disputent et se réconcilient. Cela participe de leur initiation à la vie en société et à la gestion des conflits. De plus en plus d’enfants sont d’ailleurs formés aux « messages clairs », un outil de communication non violente leur apprenant à exprimer leurs émotions et à résoudre leurs petites disputes de manière constructive et pacifique.
La cour de récréation est une microsociété
Avec ses codes, ses leaders, ses dynamiques de groupes et de pouvoir, la cour de récréation est une microsociété. Ainsi, comme plusieurs études sociologiques l’ont objectivé, les garçons monopolisent souvent l’espace central, consacré au football, les zones moins visibles – coins en périphérie de la cour – étant plus souvent fréquentées par les filles.
De nombreuses expériences sont mises en place pour que les cours s’adaptent à ces problématiques : répartition différente de l’espace entre le foot et le reste, identification au sol de différents espaces (jardinage, dessin à la craie, boîte à livres et jeux…), banc de l’amitié (permettant aux enfants qui se sentent seuls d’être repérés et rejoints par d’autres)…
Ces dispositifs, qui favorisent la cohabitation entre les profils d’enfants et rendent visible la diversité des formes de jeux, ne sont pas forcément coûteux. Certains peuvent donc être proposés par les enfants et discutés avec eux, la décision finale revenant bien sûr l’équipe éducative.
Ce dossier du magazine jeunesse Astrapi encourage nos enfants à devenir forces de proposition pour leur cour de récréation, comme ils pourront l’être plus tard dans leur vie citoyenne. Il pourra sans doute aussi être lu en famille, et susciter des échanges sur cet aspect central de la vie de nos enfants, mais au sujet duquel les informations ne nous arrivent parfois que par bribes…
Bonnes 280 récrés aux enfants !
Marion Joseph, rédactrice en chef du magazine Astrapi
Que faire pendant la récré : à fond la rigolade !
Il y a mille façons de s’amuser dans la cour quand sonne l’heure de la récré. Et toi, tu es plutôt du genre billes, foot ou lecture ?

Par ici les artistes !
Charlie, 10 ans : « Nous, à la récré, on dessine sur le sol avec des craies. On fait des marelles, des héros de films, des animaux… On s’amuse bien ! Le souci, c’est qu’on ne peut pas aller dans la cour quand il pleut. »
Astrapi : C’est génial de profiter de la récré pour créer ! Votre idée de « coin » pour dessiner par terre avec des craies va sûrement inspirer d’autres écoles. On peut aussi installer un tableau dans un endroit couvert, s’il en existe un. Comme ça, celles et ceux qui adorent dessiner peuvent le faire par tous les temps !
Tout pour s’amuser à la récré
Noé, 7 ans : « Dans mon école, les billes, les cartes et les ballons sont interdits. J’aimerais qu’il y ait plus de jeux dans la cour parce qu’on s’ennuie. »
Astrapi : Il existe de nombreux jeux qui ne nécessitent aucun matériel : l’épervier (où il faut traverser la cour sans se faire toucher par l’autre équipe), le miroir (où il faut imiter les mouvements d’un autre élève), l’histoire sans fin (où chaque joueur dit une phrase pour créer un récit)… et plein d’autres encore ! Pourquoi ne pas proposer aux maîtres de faire des panneaux avec des idées de jeux dans ce style ?
Place à la lecture !
Anaïs, 10 ans : « Avec mes copines, on est fans de mangas. Pendant la récré, on va en lire sur le banc. Quand on a fini, on échange nos livres ! Mais bon, parfois, l’après-midi, on n’a plus rien à lire… »
Astrapi : Lire, c’est un super moyen de se détendre et de voyager dans des mondes imaginaires. Pour qu’il y en ait pour tous les goûts, certaines écoles installent une « boîte à livres » dans la cour. C’est une sorte de caisse remplie de romans, de mangas, de BD, de magazines (souvent donnés par les familles). On la sort pour la récré.
Mission observation
Marceau, 9 ans : « J’adore les insectes, surtout les scarabées. Il y a des enfants que ça dégoûte, mais pas moi. Je les trouve incroyables ! J’aime les regarder dans la cour. »
Astrapi : Observer les êtres vivants, en voilà une excellente occupation ! Certaines villes ont décidé de mettre un maximum de nature dans les cours ; des espaces de jeux avec des copeaux de bois par terre, des mini-potagers pour faire pousser des légumes, ou encore des hôtels à insectes, fabriqués par les élèves eux-mêmes. À proposer dans ton école ?
L’avis des enfants, ça compte !

Installation de certains équipements, interdiction de certains jeux… Ce sont les adultes qui décident en fonction du budget (l’argent dont dispose l’école). Mais les enfants ont toujours le droit de proposer, par exemple lors des conseils d’élèves. Ou à l’aide d’une boîte à idées, installée dans un coin de l’école : pratique pour suggérer de la déco dans les toilettes ou une boîte à jeux de société gérée par les élèves…
Tous et toutes ensemble pendant la récré !
Qu’on joue à deux, à cinq ou à dix, personne ne doit se sentir exclu. Pendant la récré, tout le monde a le droit de s’amuser !

Une place pour chacun
Norah, 8 ans : « À la récré, ceux qui jouent au ballon prennent toute la cour. Nous, les autres, on n’a plus qu’un petit coin sous le préau. Ça m’énerve ! »
Astrapi : Ce problème est très répandu. Pour le résoudre, il faut absolument que tout le monde en parle, en conseil des élèves ou dans les classes. Dans certaines écoles, lorsque c’est possible, on définit des espaces : un endroit calme pour ceux qui veulent lire, jouer à des jeux de société ou discuter. Et un espace pour courir, faire du sport, crier fort… Bref, pour se défouler sans déranger les autres !
Non à la discrimination !
Célian, 10 ans et demi : « Quand des enfants jouent à chat, je demande si je peux participer, mais ils me disent souvent non. Je pense que c’est parce que je ne cours pas vite à cause de mon pied malformé. »
Astrapi : Ce que tu décris là, Célian, s’appelle de la « discrimination » : le fait d’exclure quelqu’un parce qu’il a un handicap, ou qu’il est gros ou petit, ou d’une certaine couleur de peau… C’est grave, et il faut tout de suite parler de ce sujet avec un adulte de l’école pour qu’il soit abordé avec l’ensemble des élèves. Et pourquoi ne pas jouer de temps en temps à chat « marché » ? Si on court, on est éliminé !
Filles et garçons à égalité !
Alexia, 8 ans : « Moi, j’aimerais bien jouer au foot, mais les garçons ne me laissent jamais participer. Ils disent que je ne suis pas assez forte. »
Astrapi : Alors, ça, c’est embêtant pour trois raisons. 1) Peut-être qu’ils disent ça parce qu’ils ont des préjugés, des idées toutes faites sur les filles. Si tu jouais, tu serais peut-être plus forte qu’eux ! 2) C’est en jouant qu’on progresse. 3) Trop souvent, les garçons et les filles ne se mélangent pas dans la cour. Pour y remédier, certaines écoles ont mis en place des règles pour que tous les volontaires (filles et garçons) puissent jouer. Et pourquoi on n’exclurait pas celui ou celle qui ne veut pas d’un joueur ou d’une joueuse ?
Le banc de l’amitié
Louise, 8 ans : « Je suis nouvelle dans mon école. Au début, je passais la récré toute seule sur le banc de l’amitié. Un jour, une fille est venue me proposer de jouer, et maintenant, on est meilleures amies ! »
Astrapi : Ce banc de l’amitié est une invention intéressante. Aussi appelé « banc des copains », il a été imaginé par une élève dans une cour d’école aux États-Unis. Il permet aux enfants qui se sentent seuls ou qui cherchent quelqu’un pour jouer de s’y asseoir. Comme ça, les autres les voient et peuvent venir leur parler !
L’espace, ça se partage

À l’école comme partout ailleurs, la loi s’applique pour protéger les enfants des discriminations. Elle indique que tous les enfants ont les mêmes droits. Chacun doit avoir sa place dans la cour.
À Strasbourg, des chercheurs ont équipé les élèves d’un GPS à la récré. Ils voulaient étudier la façon dont ils occupent l’espace. Résultat, presque toute la cour était occupée par seulement un petit groupe d’élèves : celles et ceux qui jouaient au ballon !
Stop aux disputes en cour de récréation
Des disputes éclatent souvent pendant la récré. Petites fâcheries ou grosses embrouilles, elles sont aussi l’occasion de résoudre les problèmes.

Allez, on se parle…
Niels, 7 ans : « Des garçons qui jouaient à chat n’arrêtaient pas de bousculer les autres. Avec des amis, on a décidé de leur parler. Maintenant, ils font plus attention. »
Astrapi : Voilà un exemple à imiter ! Dans le feu de l’action d’un jeu, on ne se rend pas toujours compte de ce qui nous entoure. Pourtant, tout le monde le sait : c’est pénible de se faire pousser ou marcher sur les pieds. Au lieu de s’énerver, le meilleur moyen pour améliorer la situation, c’est de discuter calmement. En y allant à plusieurs, on peut se donner du courage.
Fini, la triche !
Charlotte, 9 ans : « On se dispute souvent à cause des règles du jeu. Les mauvais joueurs essaient d’en inventer des nouvelles, mais c’est de la triche ! »
Astrapi : Dur, dur de rester calme quand on ressent de l’injustice. Pourtant, c’est ce qu’il faut tenter de faire ! Ce qui ne veut pas dire se taire et accepter l’injustice… Si le problème se pose à chaque fois, peut-être qu’il faut rappeler les règles pour que tout le monde soit d’accord. Des fois, on se dispute juste parce qu’on n’a pas compris la même chose !
Un petit effort !
Lina, 11 ans : « Mes deux meilleures amies ne veulent jamais faire la même chose à la récré. Ça fait toujours des histoires et au final, on ne profite même pas de ce moment. »
Astrapi : Quand deux personnes ne sont pas d’accord, le meilleur moyen de résoudre le conflit, c’est encore une fois de parler pour trouver ce qu’on appelle un « compromis ». Cela veut dire que chacun doit faire un petit effort pour que tout le monde soit content. Comme laisser une personne choisir l’activité le matin, et l’autre l’après-midi !
On arrête la bagarre
Maël, 10 ans : « Quand on se dispute, après on s’énerve, on s’insulte, on se pousse et c’est vite la bagarre. La maîtresse nous gronde, mais ça recommence toutes les semaines… »
Astrapi : Ah là là, évidemment, la violence n’est jamais une solution. Souvent, elle survient parce qu’on n’a pas trouvé les mots pour expliquer le problème. Alors quand l’atmosphère se tend, il faut essayer de prendre une grande inspiration avant d’exprimer calmement les émotions qu’on ressent. Puis de prendre le temps d’écouter celles des autres. En se mettant à leur place, il sera plus facile de les comprendre. Et d’éviter la bagarre !
La paix, ça se travaille !

Dans certaines écoles, des élèves médiateurs aident pour régler les conflits dans la cour. Certains enfants apprennent aussi la méthode du « message clair » en 3 étapes : « Quand tu m’as poussé(e) », « je me suis senti(e) triste », « je voudrais que tu ne recommences pas ». L’élève qui reçoit le message peut dire qu’il l’a bien entendu, donner son point de vue, et proposer des excuses et des solutions. Attention : quand il s’agit d’insultes, de harcèlement ou de coups, il faut prévenir un adulte.
À la récré, dans certaines écoles, c’est le paradis sur Terre !
Les pros de la récup’
En Bretagne, l’école Notre-Dame-de-la-Croix permet aux élèves de s’amuser avec toutes sortes d’objets récupérés. Super malin !

Des copeaux pour les copains
Dans certaines cours, on a enlevé du bitume pour planter de la végétation ou mettre des copeaux de bois. Comme ça, les élèves s’amusent encore plus, et cela fait descendre la température en été.

Une école arc-en-ciel !
Du bleu, du rouge, du vert… Parfois, un bon coup de peinture suffit à rendre la cour plus gaie ! C’est ce qu’a fait l’école Pajol, à Paris.

À la cool avec les poules
À l’école Patte-d’Oie de Toulouse, les élèves s’occupent du poulailler à la récré. Par ici les bons œufs !

“Chouette, c’est la récré !”, article extrait du magazine Astrapi n° 1063, 1er septembre 2025. Texte : Lara Mercier. Photo principale : Jean-Christophe Milhet/Hans Lucas. Illustrations : Yann Cozic.