Illustration : PrincessH. Okapi n° 1188.
© Illustration : PrincessH. Okapi n° 1188.

Journée nationale contre le harcèlement : Bayard Jeunesse s’engage

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Effarant. Près d’un collégien français sur cinq serait chaque année victime de harcèlement et de cyberharcèlement. Comment le détecter ? Quelles sont les clés pour en parler avec vos enfants ? Bayard Jeunesse, à l’unisson des professionnels et des institutions, se mobilise et vous propose des magazines, des livres, des films pour vous aider à parer le danger.

Un constat douloureux. Derrière chaque prénom, Lindsay, Nicolas, Marie, Lucas, des jeunes gens à bout de forces qui ont décidé de mettre fin à leurs jours. Tous victimes de harcèlement. Et le diagnostic est à chaque fois le même : ils n’ont pas été suffisamment écoutés ou accompagnés par les adultes. 

Pour tenter de lutter contre toutes les formes d’humiliation subies en milieu scolaire, un nouveau plan interministériel, lancé en septembre 2023, étend le programme de prévention et de lutte contre le harcèlement (pHARe) aux lycées, après une mise en place généralisée dans les écoles et les collèges en 2022. Il prévoit plus de subventions pour le numéro d’appel 3018 et le durcissement des sanctions pour les harceleurs.
À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement, le 9 novembre 2023, une grande enquête est prévue dans tous les établissements scolaires et une nouvelle campagne de sensibilisation met en lumière “de véritables mots d’enfants et d’adolescents. Des mots en apparence anodins qui cachent en réalité une détresse parfois absolue. Des mots dont la minimisation est un danger.”

C’est dans ce cadre que nous vous rappelons l’engagement de Bayard Jeunesse contre toutes les violences faites aux enfants, y compris les humiliations, moqueries et attaques sur les réseaux sociaux comme l’explique Delphine Saulière, directrice des magazines Bayard Jeunesse : “Terrorisé, honteux, l’enfant harcelé fait tout pour cacher sa souffrance. Quand ses parents découvrent qu’il est victime, une tornade balaie leurs certitudes. Comment n’ont-ils pas vu les micro-appels à l’aide envoyés par leur enfant ? C’est au décryptage de ces signaux faibles que nous, parents, nous devons nous atteler. Un vêtement déchiré, des regards qui fuient, une ultravigilance, des troubles du sommeil ou de l’appétit : c’est notre rôle de parent d’accepter la vulnérabilité de notre enfant et de chercher à en comprendre les causes. Car tout changement de comportement doit augmenter notre seuil de vigilance, même si, à la fin, il ne s’agit que d’un malaise passager. C’est pour cela qu’à travers nos livres et publications, nous nous plaçons du côté des enfants et de leurs proches, et nous les accompagnons à trouver la force de comprendre et d’affronter une situation violente et intolérable.“

Harcèlement scolaire et cyberharcèlement : comment les définir ?

“Tragédie“, “fléau social“, “drame humain“ sont les termes employés dans la presse pour décrire le harcèlement scolaire. Un phénomène difficile à saisir tant il présente des formes différentes, de la moquerie aux attaques sur les réseaux sociaux, en passant par le vol ou l’isolement… Les élèves eux-mêmes ont du mal à détecter le harcèlement autour d’eux, comme l’ont noté les journalistes du magazine Phosphore, lors de leur enquête publiée en novembre 2023.

Le harcèlement scolaire recouvre un ensemble de violences – verbales, physiques, psychologiques. C’est leur répétition qui constitue l’essence même du harcèlement. Les violences en question sont souvent le fait de plusieurs élèves à l’égard d’un seul, en raison de sa différence – apparence physique, sexe, handicap, centre d’intérêt original, niveau de vie…

De plus en plus pernicieux, le harcèlement touche chaque année entre 800 000 et 1 million d’enfants et d’adolescents. Longtemps circonscrit au collège, il connaît des manifestations dès l’école primaire et perdure jusqu’au lycée. Pire, les professionnels repèrent désormais des “continuums entre l’école et la sphère privée” du fait des réseaux sociaux et du cyberharcèlement qui s’y opère, comme le relève le rapport de la Mission d’information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, créée en 2021 par le Sénat. 

Faits de harcèlement : sensibiliser les enfants dès l’école maternelle

C’est l’histoire d’un petit ogre qui adore aller à l’école. Il a plein d’amis, Sissi, Nina, Tom Pouce, et Loulou, la fille du grand méchant loup. Le petit ogre aime apprendre, partager et s’amuser, mais un jour, il reste dans son coin. “Il avait une boule dans la gorge, une boule qui était pleine de chagrin. Et cela recommença le lendemain, et le lendemain du lendemain…”, nous dit l’histoire pour illustrer ce que peut ressentir un enfant victime de moqueries, qui choisit de s’isoler et ne sait comment alerter.

“Il n’est jamais trop tôt pour en parler”, confirme Marie-Agnès Gaudrat, l’autrice de cette histoire pour les 4-7 ans, parue dans le numéro de septembre 2023 des Belles Histoires. “J’avais envie d’écrire une histoire sur ce thème qui peut prendre beaucoup de place, même dans la tête d’un enfant de maternelle.” Si on ne parle pas réellement de “harcèlement” à la petite enfance, il existe pourtant bel et bien des signes avant-coureurs et parfois, l’enfant s’enlise.” 

Illustration extraite de l'histoire Le Petit Ogre et ses copains d'école, magazine Belles Histoires n°604 © David Perkins.

Illustration extraite de l’histoire Le Petit Ogre et ses copains d’école, magazine Les Belles Histoires n° 604. © David Perkins.

“Il y a un mélange un peu flou entre le fait de vouloir se faire des amis, en faisant rire les autres sur le dos d’un des camarades, et le fait de prendre plaisir à humilier. Parfois même, quand on assiste à des moqueries, sans rien faire, quand arrive le moment de se coucher, on n’est pas fier.” Dans ces situations, le rôle des adultes est primordial. La maîtresse devient ici un peu magicienne pour aider les enfants à s’en sortir. Une jolie histoire à partager pour sensibiliser les tout-petits.

Marie-Agnès Gaudrat, qui a longtemps dirigé les rédactions “petite enfance” de Bayard Jeunesse, a beaucoup observé les enfants dans les écoles pour comprendre ce qui les touche. Elle a aussi travaillé avec des psychologues et pédopsychiatres pour nourrir sa réflexion.

Pour aller plus loin

“Le Petit Ogre veut aller à l’école”

La vie du petit ogre n’est pas gaie. Chez lui, ça sent la chair fraîche et l’ennui. Mais, un jour, le petit ogre va à l’école. Et le voilà qui découvre le plaisir de plonger dans les livres, et qu’il y entraîne ses parents… Dès lors, tout va changer : chez lui, ça ne sent plus la chair fraîche, mais le clafoutis !
De Marie-Agnès Gaudrat, éditions Bayard Jeunesse.

Le Petit Ogre veut aller à l'école, de Marie-Agnès Gaudrat, éditions Bayard Jeunesse.

“L’affaire Pouyastruc”

Pouyastruc, petit veau de la classe d’Ariol, est importuné par trois CM2. Pétula, l’amour secret d’Ariol, annonce avoir la solution… Un dessin animé à regarder gratuitement sur Bayam du 23 octobre au 22 novembre 2023 et sur Canal+ kids.

Astrapi prévient les risques de harcèlement à l’école primaire 

Conseils, numéros utiles, livres… : ce dossier complet du magazine Astrapi a été conçu pour donner aux 7-11 ans toutes les clés pour apprendre à réagir et briser le silence à l’école primaire face au harcèlement. Il leur permet de se rendre compte des situations problématiques à l’aide d’illustrations simples, explicites, et des personnages de la BD Lulu, présents depuis de nombreuses années dans Astrapi, et auxquels ils peuvent s’identifier.

Couverture du magazine Astrapi n° 914 – Illustration extraite de l’article “Stop au harcèlement à l’école !” – © Marylise Morel (création : Bernadette Després). 

Pour aller plus loin 

”Vive mes ongles de toutes les couleurs”

Jean aime se mettre du vernis sur les ongles. Des mains multicolores, c’est rigolo et joyeux ! Mais à l’école on se moque de lui. Jusqu’au jour où son père se met lui aussi du vernis pour l’accompagner en classe… D’Alicia Acosta et Luis Amavisca, éditions Bayard Jeunesse.

“Vive mes ongles de toutes les couleurs”, d'Alicia Acosta et Luis Amavisca. Éditions Bayard Jeunesse.

“Le petit livre pour dire Stop au harcèlement à l’école”

À travers six courtes bandes dessinées, ce livre d’utilité publique explique comment l’engrenage s’installe et surtout comment enfants et parents peuvent réagir. Peut-on s’affirmer et briser le silence ? Vers qui se tourner ? Comment y mettre fin ? La psychologue Nadège Larcher et la journaliste Juliette Sausse livrent leurs précieux conseils pour sortir de la souffrance, qu’on soit victime, témoin, voire à l’initiative du harcèlement. À lire en famille, et à partir de 7 ans. De Nadège Larcher et Juliette Sausse, éditions Bayard Jeunesse.

Podcast “Salut L’info !” : épisode du 13 novembre 2020

El don Guillermo

© Illustration : El don Guillermo.

Pour parler du harcèlement scolaire aux 7-11 ans, cet épisode du podcast “Salut L’info !” – une émission réalisée par des journalistes d’Astrapi et de franceinfo – donne la parole à Lindsay Calabrese, une jeune fille victime pendant plusieurs années de harcèlement scolaire au collège.

Harcèlement et cyberharcèlement : l’adolescence en première ligne

Pour que tout se passe bien dans un groupe de classe, la première règle à suivre est d’inviter tout le monde. Cyberharcelée par un groupe de classe, article extrait du magazine Okapi n°1188, 15 novembre 2023. © Illustration : PrincessH.

Illustration extraite de l’article “Cyberharcelée par un groupe de classe” publié dans le magazine Okapi n°1188. © Illustration : PrincessH.

L’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) établit qu’un peu moins d’un collégien sur dix est cyberharcelé. Un chiffre repris par le magazine Okapi, qui s’est penché dans son numéro du 15 novembre 2023 sur une forme encore plus ravageuse de harcèlement sur Snapchat, où l’appartenance au groupe devient un enjeu, mais peut se révéler dangereux au quotidien. 

C’est souvent à l’âge de la puberté, où le corps évolue et où les émotions sont reparamétrées, que le harcèlement se fait le plus prégnant. Moqueries, injures, voire violences physiques en classe et en dehors se multiplient. Pas facile d’alerter quand par ailleurs les sanctions ne changent pas la situation. 

“Aujourd’hui, on peut se faire harceler chez soi, jour et nuit… Les victimes se sentent constamment en danger”, explique Clotilde Henry, psychologue à l’association e-Enfance, citée par Okapi. Au moins 1 enfant sur 2, âgé de 8 à 18 ans, a déjà vécu une situation de cyberharcèlement, que ce soit comme victime, témoin ou auteur.” 

Ce n’est pas la première fois que le magazine Okapi aide les enfants de 10 à 14 ans à décrypter le mécanisme de harcèlement, en recueillant des témoignages d’adolescents pour susciter l’empathie, l’identification, et en examinant surtout les solutions mises en place dans les collèges et par les institutions. Le reportage de Lucie Tanneau, en 2022, montrait notamment comment on peut sortir de la spirale pour ne pas perdre espoir.

PrincessH. Okapi n°1188.
Illustration extraite de l’article “Cyberharcelée par un groupe de classe” publié dans le magazine Okapi n°1188. © Illustration : PrincessH.

Selon Jean-Yves Dana, le rédacteur en chef d’Okapi, même s’il faut rester prudent, la prise de conscience du phénomène ne peut qu’améliorer la situation. “Le dernier rapport de la médiatrice de l’Éducation nationale fait état en 2022 d’une progression de 69 % des saisines pour des situations de harcèlement et de cyberharcèlement à l’école. La perte de repères, la hausse des incivilités, la montée des comportements individualistes et violents peuvent expliquer cette nette augmentation… 

Il est trop tôt pour évaluer d’éventuels effets de ces mesures annoncées par le gouvernement en septembre 2023, ou ce qu’a pu changer la mise en place, dès 2021, du programme pHARe contre le harcèlement scolaire, ou d’autres initiatives, comme la présence de plus de 400 référents harcèlement auprès des établissements scolaires. Mais tout ceci participe à la libération de la parole des victimes et à la sensibilisation des témoins et des familles. Désormais, l’importance du sujet est reconnue par tous. C’est un premier pas notable.”

Pour aller plus loin

Podcast “Ma vie d’ado” : “Harcèlement, comment je m’en suis sortie ?”

Dans l’épisode “Harcèlement, comment je m’en suis sortie ?” du podcast “Ma vie d’ado”, Zoé témoigne des moments graves vécus au collège, alors qu’elle était harcelée. Et elle nous raconte aussi comment elle a réussi à dépasser ces épreuves…

Plus de 110 épisodes sont actuellement disponibles sur le site d’Okapi et sur toutes les plateformes d’écoute.

Harcèlement au lycée : plus de cas qu’on ne le croit

L’isolement génère un stress sur le cerveau. Briser le harcèlement scolaire, article extrait du magazine Phosphore n°563, 1er novembre 2023. © Illustrations : Joséphine Forme.

Illustration extraite de l’article “Briser le harcèlement scolaire” publié dans le magazine Phosphore n° 563. © Illustration : Joséphine Forme.

La rédaction de Phosphore le constate depuis bien des années : le harcèlement scolaire ne s’arrête pas à l’entrée au lycée. La maturité aidant, les lycéens pensent que la violence et les insultes, “c’était avant”.

“Et puis, quand nous cherchions à savoir, s’il n’y avait pas dans leur classe un élève un peu à part, sur qui les moqueries tombaient systématiquement… « Ah ça oui, bien sûr que ça existe ! » Sans savoir que c’était aussi du harcèlement”, explique Apolline Guichet, chef de rubrique Générations de Phosphore. Le magazine des lycéens a alors réfléchi à un outil permettant d’identifier les situations problématiques et dangereuses et a recueilli le témoignage édifiant de la chanteuse Tessae, elle-même victime de harcèlement :

”J’avais appris à être honteuse de moi. On peut penser que ce n’est pas grave la honte, mais à l’adolescence, ça peut prendre toute la place dans votre vie.”

Conseils et outils pour briser le silence et prévenir les cas de harcèlement

  • Plusieurs numéros gratuits sont mis à disposition des ados :
    Le 3020 (du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h), le 3018 (7 jours/7 de 9h à 23h) ou le 119 (7 jours/7, 24h/24).
  • Réaliser des captures d’écran lorsque des menaces ou injures sont publiées sur les réseaux sociaux.
  • Prendre contact avec E-Enfance, qui peut intervenir en cas de contenus haineux diffusés sur les réseaux sociaux.
  • Déposer plainte : depuis 2022, le harcèlement à l’école est un délit et peut être puni de 10 ans de prison.