« Lulu a vu une image choquante ». Astrapi n°1068, 15 novembre 2025. Création : Bernadette Després. Dessin : Marylise Morel.
© Création : Bernadette Després. Dessin : Marylise Morel.

Comment protéger nos enfants des images pornographiques ?

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La pornographie, on le sait, peut surgir au détour d’une navigation en ligne. Alors, comment prévenir l’exposition de nos enfants à ces contenus ? Avec quels mots leur en parler ? Grâce aux conseils de la rédaction du magazine Astrapi et à la BD “Lulu a vu une image choquante”, conçue avec l’aide d’une psychologue, vous pouvez aborder ce sujet en douceur avec vos 7-11 ans.   

Les chiffres sont effrayants : 1 enfant sur 2 en primaire a déjà été exposé à des images pornographiques, souvent de façon accidentelle.* Cette exposition de plus en plus précoce représente une violence sociétale faite aux mineurs, dont la gravité est reconnue par les autorités françaises et les experts en santé mentale. Face à ce constat, notre responsabilité de parents et d’éducateurs est de protéger nos enfants, par des actions concrètes autant que par des paroles de prévention.

Comment préserver nos enfants au maximum ?

De façon très pratique, l’exposition à ces images passe bien souvent par les smartphones. Pour les familles souhaitant équiper leur enfant d’un téléphone avant la 6e ou la 5e, un choix raisonnable peut être celui du fameux téléphone « 9 touches », sur laquelle il ou elle ne pourra faire rien d’autre que téléphoner ou envoyer des SMS (à la vitesse de l’escargot !).

Plus tard, une fois que l’enfant ou pré-ado reçoit son premier smartphone, il est recommandé d’y installer, comme sur tous les écrans familiaux, un système de contrôle parental. Depuis 2024, la loi impose aux fabricants de proposer un contrôle parental gratuit et activable dès la première utilisation des appareils connectés. Ce système permet de contrôler le temps d’écran de l’enfant, les applications qu’il télécharge, et il empêche en principe l’accès aux contenus dangereux pour les mineurs.

Par ailleurs, il est à noter que les réseaux sociaux sont interdits avant 13 ans, et qu’en France, l’accord des parents est obligatoire jusque 15 ans. Néanmoins, rien ne peut hélas garantir que nos enfants ne seront pas exposés un jour à une image pornographique, en raison d’un système de contrôle parental défaillant ou sur le téléphone ou la tablette d’un copain moins encadré qu’eux sur ce plan.

Faut-il et comment aborder le sujet avec eux ?

Malgré la tentation bien compréhensible d’“épargner” nos enfants à ce sujet avant l’adolescence, en parler avec eux en des termes choisis dès l’école élémentaire peut s’avérer très utile. Cela leur permettra peut-être, comme le fait Lulu dans la bande dessinée d’Astrapi, d’avoir eux-mêmes le réflexe de s’éloigner le cas échéant. On peut leur dire : « Tu sais, sur Internet, les enfants peuvent malheureusement parfois voir les images qui les choquent, des images violentes, avec du sang par exemple, ou des images de gens tout nus. Et cela peut être très choquant. »

Aborder le sujet simplement avec son enfant a un double intérêt ; c’est l’occasion de lui rappeler qu’on n’est jamais obligé de regarder quelque chose qu’on n’a pas envie de voir, même pour faire comme les copains. Mais aussi le moment de lui donner confiance sur la possibilité de se confier s’il tombait sur un image choquante voire traumatisante. On pourra terminer la discussion en lui disant : « Normalement, tu ne dois pas voir d’image de ce genre à ton âge. Mais si cela t’arrive un jour, il ne faut pas que tu te sentes coupable, et que tu n’hésites à nous en parler. »

Comment réagir s’ils sont exposés malgré nos précautions ?

Pour préserver le lien de confiance, il est essentiel de ne pas gronder l’enfant, même s’il a été exposé en enfreignant les règles. Il y a un temps pour parer à l’urgence affective, il y en aura un autre plus tard pour rappeler le cadre. L’urgence ici est d’offrir à l’enfant la possibilité d’exprimer ses émotions. Dans la BD d’Astrapi, la maman de Lulu lui dit : « C’est normal que tu sois perturbée, et tu as bien fait de nous parler (…) », puis « Ce sont des images fabriquées pour les adultes et elles peuvent même choquer les adultes ».

Entre 7 et 11 ans, certains enfants apprennent juste comment on fait les bébés, d’autres ont déjà des représentations plus crues de la sexualité. Il faut donc s’adapter à ce que l’enfant sait déjà. Selon son âge et les mots qu’il emploie, on pourra évoquer avec lui le fait que les images pornographiques ont un but commercial et ne correspondent pas à ce que sont les relations sexuelles dans la « vraie vie ». Mais avec la plupart des enfants, cette discussion-là ne sera nécessaire qu’un peu plus tard, après l’entrée au collège.

Marion Joseph, rédactrice en chef d’Astrapi.

*Source : Rapport du Sénat « Porno : l’enfer du décor, 2022 »

”Lulu a vu une image choquante”, bande dessinée extraite du magazine Astrapi n°1068, 15 novembre 2025. Scénario : Lara Mercier. Création : Bernadette Després. Dessin : Marylise Morel. Couleurs : Laurence Croix.

Couverture du magazine Astrapi n° 1068 du 15 novembre 2025. Trop belles, les forêts !
Couverture du magazine Astrapi n° 1068, 15 novembre 2025.