Jeu du foulard, de la tomate, du rêve indien, de la mort subite, du cosmos… Chaque année, des pratiques inquiétantes refont surface dans les cours d’école. Sous forme de défis, en apparence anodins, des enfants participent à des expériences d’asphyxie volontaire pour ressentir des sensations fortes. Mais derrière ces « jeux », qui n’en sont pas, se cachent des risques graves, pouvant aller jusqu’à la mort. Pour vous aider à aborder ce sujet sensible et engager le dialogue en famille, le magazine Astrapi propose des conseils pratiques, une BD et un podcast pensés pour accompagner ce nécessaire travail de prévention.
Même si la pratique de ces jeux dangereux reste difficile à mesurer, plusieurs études ont été menées sur le sujet. Celle de l’académie de Toulouse (2015) donne une idée de l’ampleur du phénomène : 40 % des élèves de CE1 et CE2 ont déjà testé l’un de ces jeux, parfois dès la maternelle. Et 71 % des enfants de 6 à 11 ans en ont déjà entendu parler. Il est donc fort probable que votre enfant y ait déjà été confronté. Et si, en abordant le sujet avec lui, vous lui en apprenez l’existence, c’est une bonne occasion de l’aider à reconnaître le danger et à s’en protéger.
Un dialogue indispensable pour prévenir les jeux dangereux
Comment évoquer le sujet ?
Idéalement, il s’agit avant tout d’un dialogue ouvert. Voici quelques pistes pour engager la discussion :
- Partir de ses connaissances : a-t-il déjà vu ce type de « jeux » ? Y a-t-il participé ? Où en a-t-il entendu parler ? Sur TikTok, dans la cour, en discutant avec ses amis ?
- Parler de l’effet de groupe : pourquoi certains suivent le mouvement ? Comment dire non sans se sentir exclu ?
- Évoquer les réseaux sociaux : expliquer que les vidéos qui suscitent des émotions fortes rencontrent beaucoup de succès, ce qui favorise la diffusion de scènes où l’on se met en danger.
- Expliquer les dangers réels : lui montrer que ce ne sont pas des expériences sans conséquences, mais des pratiques qui peuvent entraîner des accidents graves.
Quelles sont les conséquences de ces jeux ?
Ces jeux impliquent souvent une hyperventilation volontaire, suivie d’un blocage de la respiration, parfois accentué par une pression exercée sur le cou ou la poitrine avec un foulard, une ceinture ou même les mains. Avant la perte de connaissance, les enfants peuvent ressentir des vertiges, une vision floue, des bourdonnements d’oreilles, voire des hallucinations. Certains peuvent trouver cela amusant, jusqu’au moment où tout bascule.
La strangulation empêche les organes vitaux, comme le cerveau ou le cœur, d’être correctement oxygénés. L’évanouissement peut évoluer vers un coma et provoquer des lésions cérébrales irréversibles, comme une paralysie, un état végétatif et dans les cas les plus tragiques, un arrêt cardiaque entraînant la mort. Selon l’association APEAS, qui lutte contre ces accidents, une dizaine d’enfants décèdent chaque année en France à cause de ces pratiques.
Quels signes doivent alerter ?
Les jeux dangereux commencent souvent en groupe, dans des coins peu surveillés : vestiaires, toilettes, recoins de la cour… Le personnel éducatif, alerté depuis plusieurs années et souvent formé pour prévenir ces phénomènes et y réagir, doit donc être particulièrement vigilant. Mais le plus grand danger survient quand l’enfant tente de rejouer seul, notamment à la maison, sans personne pour intervenir en cas de perte de conscience.
Soyez attentif à certains signes :
- Marques ou rougeurs suspectes sur le cou.
- Maux de tête fréquents ou violents.
- Troubles de la concentration, fatigue inhabituelle.
- Bruits étranges dans la chambre, chocs contre les murs.
- Questions posées sur la strangulation, l’étranglement, les sensations de vertige…
Comment protéger ensemble nos enfants ?
Parents, éducateurs, enseignants : tous ont un rôle clé à jouer. Ces pratiques ne sont pas inoffensives. En parler tôt, avec des mots simples et dans détour permet de prévenir les accidents. Un enfant bien informé, c’est un enfant qui sait dire non… et qui peut aussi alerter les autres.
Lara Mercier
Une BD et un podcast pour parler des jeux dangereux en famille
Le Club de Lulu : “Élodie joue à un jeu dangereux”
Pour ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaître Lulu, il s’agit d’une petite fille de 9 ans, en CM 1, que des milliers d’Astrapiens et Astrapiennes retrouvent toutes les deux semaines dans leur magazine. Comme eux, c’est une aventurière du quotidien qui, entourée de sa famille et de ses copains, doit se dépatouiller avec les petits soucis de la vie. Dans l’Astrapi n° 1059, du 1er juin 2025, l’une des amies de Lulu joue au « jeu de la tomate », elle nous raconte…
Le podcast “Salut l’info !” : Suzanne veut alerter les enfants sur les jeux dangereux
Coproduit par franceinfo et Astrapi, le podcast « Salut l’info ! » embarque votre enfant chaque vendredi au cœur de l’info ! L’actualité de la semaine y est décryptée à hauteur de 7-11 ans, et dans la rubrique « On se dit tout », des enfants exposent un petit ou un grand tracas de la vie quotidienne, auquel répond l’équipe avec la psychologue Nicole Larcher.
En mars 2025, Suzanne, une jeune auditrice, a pris le micro pour parler du décès d’un camarade à cause du jeu du foulard. Elle souhaitait alerter tous les enfants sur ces jeux, qui n’ont rien d’un jeu en réalité.
“Bonjour Salut l’info !, je m’appelle Suzanne, j’ai 10 ans. J’aimerais parler du jeu du foulard. J’ai un ami de 13 ans qui en est mort en novembre. J’aimerais en parler pour qu’on ait conscience des risques et qu’on n’appelle plus ça un jeu.”
- Pour écouter la séquence, rendez-vous à la 11’30’’