“Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri.
© “Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri.

Puberté : comment en parler ?

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Que l’on soit parent ou ado, il n’est pas toujours évident d’évoquer les changements corporels liés à la puberté… ! Et encore moins de répondre aux questions qu’ils suscitent. Des spécialistes de l’adolescence et le magazine Okapi vous aident à trouver les mots justes.

La transpiration ?

  • “Je transpire plus qu’avant et ça sent plus fort. Comment ça se fait ?” Erwan, 12 ans.

Danièle Drouot, dermatologue : “Avant la puberté, les glandes sudoripares sont les glandes eccrines, situées notamment dans la paume des mains, sous les pieds et sur le front. Mais après la puberté, les glandes apocrines se mettent à leur tour en fonction et elles se situent au niveau des aisselles et des parties génitales. L’odeur est liée à la dégradation de la sueur par les bactéries. Si c’est trop gênant, si la sudation est trop importante, on peut tout à fait aller voir un dermatologue qui proposera un traitement adapté.

  • “En fin de journée, Léo a tendance à sentir un peu fort de sous les bras… Mais je ne sais pas trop comment lui en parler sans le vexer…” Anne, maman de Léo, 13 ans.

Xavier Pommereau, psychiatre, spécialiste de l’adolescence : “Avec les ados, il faut faire attention à tout ce qui est jugeant, humiliant. L’apparence physique, les odeurs sont donc des sujets à manipuler avec précaution. D’autant que ces odeurs – comme celle de sa chambre par exemple – c’est comme le doudou du tout-petit : elles rassurent. Mieux vaut faire preuve de subtilité. Plutôt que de dire “Va te laver !” ou “Mets du déo !”, on peut glisser dans la salle de bains les produits en question. Attention, à cet âge-là, on aime bien être dans les stéréotypes. Pour un garçon, on évite le déodorant avec écrit “Hello Woman” dessus. On choisit quelque chose qui fait plus homme. Et on met en avant les points positifs : “Tu sens bon ce matin. Tu as mis quoi ?”

Les poils ?

  • “Clémence commence à avoir des poils sur les jambes. Je l’emmène chez l’esthéticienne ou je la laisse gérer ça elle-même ?” Claire, maman de Clémence, 13 ans.

Xavier Pommereau : “On n’est pas le conseiller ou la conseillère beauté de son enfant. Et on ne joue pas à la Barbie avec elle. Si cela ne pose pas de problème à l’ado, en quoi avoir un peu de poil aux jambes est-il si dérangeant ? Après, si c’est une demande de la jeune fille, mieux vaut lui offrir une séance chez l’esthéticienne et la laisser gérer.”
Nina Roos, dermatologue et auteure de La peau de nos ados (éd. Solar) : “Si on ressent la nécessité de s’épiler, à 11-13 ans, cela peut être compliqué d’aller chez l’esthéticienne. Or le rasoir n’est pas une bonne option. Il coupe le poil et repousse plus dru. Il existe des épilateurs “Première fois”. La jeune fille peut se l’approprier, zone par zone, pour ensuite mieux gérer la repousse et faire des retouches quand bon lui semble.

Les seins ?

  • “Comment on choisit un bon soutien-gorge ?” Julie, 13 ans.

Coralie Darré, responsable modéliste de la marque de lingerie Rouge-Gorge : “Tout dépend de la morphologie. Mieux vaut y aller par étapes pour se familiariser avec le port du soutien-gorge. Quand on fait un bonnet A, on peut opter pour une brassière ou pour un triangle sans armatures. Mais à partir du bonnet B, on a besoin de maintien. Plus la lettre est importante, plus le maintien est nécessaire. On optera alors pour un soutien-gorge avec armatures, ces parties métalliques qui encerclent le sein. Un premier soutien-gorge, mieux vaut le choisir en boutique, avec une vendeuse qui pourra mesurer le tour de poitrine et le tour sous la poitrine et vous guider dans votre choix, car toutes les marques ne taillent pas pareil.

La peau ?

  • “À partir de quel moment faut-il aller consulter pour l’acné ? Y a-t-il des moyens de faire de la prévention ?” Armelle, maman de Paul, 12 ans.

Nina Roos : “Il faut aller consulter dès qu’on se sent mal par rapport à son acné. Après, si l’acné laisse des marques ou des lésions, elle doit être absolument traitée. Le bon comportement c’est d’aller consulter si, dans la famille, il y a des précédents d’acné sévère, si on voit des boutons dans le dos ou le décolleté. Il faut aussi savoir que l’usage du tabac, une mauvaise alimentation (malbouffe, aliments industriels ou trop sucrés) ou le lait (au-delà de deux verres par jour) peuvent favoriser l’apparition d’acné.”

  • “Certaines de mes copines mettent de la crème hydratante sur leur visage. J’en ai besoin ?” Anna, 12 ans.

Danièle Drouot : “Cela dépend de la peau, mais si on se maquille, c’est préférable. On peut utiliser une crème hydratante ou une BB crème. Pour se démaquiller, on peut utiliser une eau micellaire : elle est notamment recommandée pour les peaux sensibles, car elle efface les traces de maquillage sans qu’il soit nécessaire de frotter.”

La voix ?

  • “Mes copains ont mué. Moi, pas encore… Ça m’inquiète.” Étienne, 14 ans.

Xavier Pommereau : “Pour les ados, quand il y a un peu de retard dans le développement, c’est compliqué. Cela peut devenir source de complexe, notamment quand il s’agit de la taille. Pour la mue, si à 14 ans bien tassés il ne s’est rien passé, qu’on est dans le cas d’une puberté tardive, on peut proposer à l’enfant d’aller consulter.”

  • “Alban a la voix qui mue. Cela fait rire ses frères et sœurs qui se moquent et cela le blesse beaucoup. Il se renferme. Comment en parler en famille ?” Carine, maman d’Alban, 12 ans.

Xavier Pommereau : “Le rôle des parents dans ce type de cas est justement d’intervenir fermement vis-à-vis de la fratrie. À eux d’expliquer que la mue est un phénomène naturel, au même titre que la poussée des poils par exemple. C’est compliqué pour le garçon si, en plus, ses frères et sœurs se moquent de lui. Alors, tout comme les parents doivent faire respecter par les frères et sœurs le territoire de l’ado et s’assurer qu’on ne rentre pas dans sa chambre à tout-va, ils doivent veiller à ce qu’on le respecte au moment de ces bouleversements.”

Joséphine Lebard

Un magazine 100 % ados

Le magazine Okapi aide les 10-15 ans à s’épanouir au collège et à bien vivre leur adolescence en répondant à leurs questions, notamment sur la puberté. Dans le numéro du 1er avril 2019, la rubrique “Planète ados” est ainsi consacrée à l’apparition des poils, sujet de très nombreuses interrogations…
“Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri. Photos : AdobeStock“Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri. Photos : AdobeStock
“Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri. Photos : AdobeStock

“Tout ce que tu t’es toujours demandé sur les poils”, rubrique “Planète ados”, Okapi n° 1087, 1er avril 2019. Texte : Lucie Tanneau. Illustrations : Mauro Mazzarri. Photos : AdobeStock.