À l’adolescence, certains enfants se sentent atypiques, ce qui peut entraîner une mise à l’écart et des moqueries de la part de leurs camarades. C’est d’autant plus difficile à supporter qu’à cet âge-là, ce dont on a envie, c’est de ressembler aux autres et de s’intégrer dans le groupe. Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des collégiens et des collégiennes, donne des conseils aux 10-14 ans pour assumer leur différence sans renier leur personnalité.
Tout le monde est différent !
Imagine si tous les habitants de la planète avaient le même langage, la même façon de s’habiller, la même culture, etc. Nous ne serions que des clones les uns les autres. Nos différences nous donnent du relief. Elles nous permettent de nous compléter, de s’inspirer mutuellement.
Faire comme tout le monde
Cela n’empêche qu’au collège, ce dont on a envie… c’est d’être accepté(e), d’éviter les moqueries et de trouver sa place dans le groupe. Notre cerveau est très sensible au regard des autres, alors très souvent on adopte souvent les mêmes vêtements, les mêmes expressions ou les mêmes goûts que nos ami(e)s. Les réseaux sociaux renforcent cette pression : on a peur d’être à côté de la plaque. Mais pas facile de se forcer quand on n’a pas les mêmes goûts, les mêmes intérêts… bref, quand on est différent(e) !

Comment cultiver sa différence
Premier point, cette différence est ta force, pas ton handicap ! Elle aide à construire ta personnalité et à t’épanouir. Ne prête pas trop attention aux critiques négatives et assume ton style vestimentaire, tes goûts musicaux ou tes hobbies, car ils te rendent heureux(se) et c’est le principal. Apprends à te détacher des regards extérieurs. Ensuite, si tu en as la force ou l’envie, entame le dialogue avec celles et ceux qui te critiquent afin de leur expliquer tes goûts. Ils/elles pourraient bien être séduit(e)s à leur tour ! Tu peux aussi cultiver ton jardin secret et ne rien partager, IRL ou sur les réseaux.
Des spécificités qui rendent unique
Second point, ce besoin de ressembler aux autres est temporaire. Petit à petit, tu vas apprendre à mieux te connaître, à affirmer ce qui te rend unique. Vouloir t’habiller ou t’exprimer différemment, par exemple, tu verras que ce n’est ni bizarre ni de la frime. Tu vas tester des choses parce que tu ne te reconnais pas dans les codes sociaux mainstream (grand public, à la mode…), et c’est ton droit !
Vaincre la solitude
Enfin, on n’est différent(e) que par rapport à une norme, c’est-à-dire par rapport aux autres, dans leur majorité. Mais il y a aussi plein de personnes qui fonctionnent comme toi ou, en tout cas, différemment de la norme. Essaie de te rapprocher d’ados qui ont les mêmes goûts que toi. Vous pourriez sympathiser et constituer votre propre groupe. Pense également à intégrer un club ou une association centrée sur ta passion, quelle qu’elle soit… Une chose est sûre : ne te renie pas pour plaire aux autres !
Réagir en cas de harcèlement
Ne pas être dans la norme ne doit pas faire de toi le/la souffre-douleur de service. Hors de question de subir des insultes et de voir tes affaires détruites ! Si cela t’arrive, il faut en parler à un(e) adulte de confiance. Au moins pour te soulager de ce poids et en finir avec cette forme de harcèlement dont tu es victime. Rien ne le justifie, et en discuter avec tes parents, c’est aussi utile pour tenter de faire avancer ta situation.
Un truc en plus
Dans certains cas, c’est ton développement lui-même qui est différent, et ainsi ton fonctionnement : tu es (très) en avance intellectuellement sur ton âge – ce qu’on appelle être HPI, (haut potentiel intellectuel) – ou tu souffres d’un TDAH (trouble du déficit de l’attention). Ça n’est toutefois pas la majorité des ados qui est concernée par ces difficultés. Mais si cette différence te fait souffrir, tu ne dois pas hésiter à consulter un(e) psychologue qui t’aidera à mieux vivre ta spécificité.
Faut-il se forcer à entrer dans le moule ? Pauline Hervouet (psychologue clinicienne)
« Surtout pas ! C’est difficile de faire accepter sa ou ses différence(s) à la société… mais c’est pire de se forcer à jouer un rôle, en agissant en contradiction avec ses valeurs et ses pensées. On risque de générer un gros bug dans sa tête et ça peut mener à une (très) basse estime de soi, voire à la dépression. En plus, certaines personnes ont tendance à surjouer lorsqu’elles veulent entrer dans le moule et être bien vues de leurs pairs. Résultat, elles en deviennent insupportables, au point de risquer l‘exclusion ! Tout l’effet inverse de ce qu’elles recherchaient. Autre chose : ça ne sert à rien d’enfouir au fond de soi nos différences en espérant qu’elles disparaissent. Tôt ou tard, le “naturel” revient toujours ! Le mieux, c’est d’assumer nos particularités sans chercher à les gommer. »
Ces stars “différentes”
- Orelsan
Enfant, il avait du mal à communiquer avec les autres. Depuis, c’est un rappeur à succès et il n’a aucun mal à chanter sur scène. - Andrew Garfield
Il était harcelé à l’école à cause de son physique, petit et mince. En réaction, il faisait le clown pour amuser la galerie. Aujourd’hui, il balance des toiles entre deux immeubles, en costume de Spider-Man… - Louane
Dès l’école primaire, on l’accuse d’être différente des autres élèves, de ne pas tenir en place et de monopoliser la parole. Elle a été diagnostiquée comme ayant un TDAH (trouble du déficit de l’attention). - Billie Eilish
Elle a souvent dit qu’elle se sentait bizarre et incomprise à l’école. Elle portait des vêtements amples pour ne pas être jugée et elle a quitté le lycée tôt parce qu’elle ne s’y sentait pas à sa place.
Témoignages et questions d’ados
« Comme j’aime les beaux mots, je tiens un carnet de mots étranges et dissonants… Dans mon collège, on me rejette et je retrouve même régulièrement ce carnet dans la poubelle. Je n’ai rien dit à mes parents qui ont vécu la même situation. Mais je ne supporte plus de mentir et de ne pas être moi-même. » Lycia, 12 ans
« Je redouble ma 3e donc je suis différente du reste de ma classe car plus vieille. Je suis plutôt intégrée dans un groupe mais toujours un peu à part, avec des périodes seule. J’ai appris à construire un équilibre et ça me convient. » Cécile, 15 ans
« Je vis dans une tiny house avec ma famille alors je suis habitué aux remarques… À force, ce sont les autres qui me paraissent bizarres à ne pas vivre comme moi ! » Florient, 11 ans
« Je me sens différente des autres filles de mon âge. Elles préfèrent leurs amis à leur famille, passent leur temps sur leur téléphone, parlent en langage familier, écoutent du rap, aiment le shopping et le cinéma et semblent insensibles au monde qui les entoure. Moi j’aime la littérature, la philosophie, la poésie, la musique classique et les animaux, je suis proche de ma mère, je suis très casanière et solitaire. Et mes amis sont ceux de ma mère. Suis-je normale ? » Anonyme (fille), 13 ans
« J’ai des comptes Insta et Snapchat, mais je n’y poste jamais rien. C’est juste pour suivre mes amis. Ils me reprochent de ne pas avoir de vie parce que je préfère être discret, je n’aime pas exposer ma vie. Je me sens exclu et différent pendant nos conversations, parce que je me moque du nombre de likes. » Killyan, 14 ans
« Je suis en 5e est je n’ai toujours pas de portable car mes parents ne veulent pas : ils sont stricts et ont peur que j’y sois accro. Je suis le seul dans ma classe à ne pas en avoir, je vois ça comme une grosse différence et ça me gêne vraiment. Je pleure souvent le soir. SVP comment les convaincre de m’en acheter un ?! » Anonyme (gars)
“Je me sens différent(e)”, article extrait du magazine Okapi n°1235, 1er janvier 2026. Textes : Olivia Villamy et Jonathan Konitz. Illustrations : Matthieu Méron. Photos : William Beaucardet.

Podcast Ma vie d’ado : “Pourquoi je suis différent des autres…”
Ce que les autres disent et qu’on ne partage pas, ce qu’on pense, et pas les autres. Ce qu’on ressent trop fort, ou pas assez… des adolescent(e)s racontent pourquoi ils/elles se sentent différent(e)s de leurs camarades. Un épisode du podcast Ma vie d’ado à partager avec votre enfant.
Plus de 150 épisodes sont actuellement disponibles sur toutes les plateformes d’écoute.


VIVRE ENSEMBLE, des ressources extraites des magazines Bayard Jeunesse
