Si les risques de harcèlement scolaire nous inquiètent pour nos enfants, nous imaginons plus rarement qu’ils puissent se comporter en harceleurs ou en complices. La BD “Le petit harceleur”, publiée dans Okapi, le magazine Bayard Jeunesse pour les collégien·ne·s, vous aide à faire le point avec votre adolescent·e, qui pourrait ne pas toujours se rendre compte de la gravité de ses actes…
Jeudi 6 novembre 2025, ce sera la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Un jour particulier qui permet, comme chaque année, de zoomer sur un fléau qui, hélas, ne cesse de progresser et continue de faire de nouvelles victimes. Chacun(e) de nous a bien cela en tête et peut ressentir une inquiétude, en tant que parent, liée à ce sujet.
Il est vrai qu’en 2024, ce sont, selon les chiffres officiels, quelque 611 358 élèves (tous niveaux confondus) qui se sont déclarés victimes de harcèlement dans leur établissement ou dans la cour de récréation, subissant des moqueries, des violences ou des mises à l’écart de la part d’un(e) ou plusieurs de leurs camarades.
Les collégiens et les collégiennes sont davantage victimes de harcèlement scolaire
En la circonstance, le collège correspond à la tranche d’âge la plus touchée : 6 % des élèves – soit près de 204 000 collégiennes et collégiens – déclarent, en effet, être victimes de harcèlement. Bien heureusement, tous ces cas ne prennent pas un tour tragique. Tous ne font pas non plus la une des journaux. Ces cas les plus graves ont toutefois depuis longtemps quitté la rubrique des faits divers pour rejoindre celle des faits de société.
Car la société, c’est heureux, donne à ce problème la visibilité nécessaire. Dans les médias, mais aussi, et c’est le plus important, grâce à des initiatives prises dans les établissements scolaires eux-mêmes. Se développent, par exemple, les conférences de sensibilisation menées par des associations, ou les rôles d’ambassadeurs contre le harcèlement endossés par des collégiennes et collégiens.
En 2025, plus de 180 000 élèves (du CP à la Terminale) ont aussi pris part au prix Non au harcèlement, qui est de plus en plus relayé. Celui-ci donne la parole aux élèves en leur proposant de créer une affiche ou une vidéo de sensibilisation sur ce sujet. Cela permet le partage en classe, les opérations de sensibilisation par les responsables d’établissement, le travail thématisé en classe.
Sensibiliser et donner la parole
Pour autant, s’il est primordial d’inciter les victimes à oser prendre la parole pour casser la spirale infernale, s’il est nécessaire de leur adresser un message clair pour qu’elles aient conscience qu’elles ne sont jamais seules, le fait est que les études mettent souvent en avant leur profil (« qui sont les élèves les plus concernés ? ») et les conséquences que le harcèlement aura sur elles (« quel impact sur leur santé mentale et sur leur parcours scolaire ? »).
Plus rarement, les travaux abordent une autre question clé, plus dérangeante peut-être : le harcèlement du point de vue de celui ou celle qui harcèle. Non pas pour le justifier, mais pour tenter, avec ce regard-là, de comprendre un processus, et pour pouvoir intervenir suffisamment tôt et avec le bon message.
Okapi, dans son édition du 15 novembre, se livre à cet exercice délicat. Après l’enquête journalistique incluant la rencontre avec des spécialistes et le recueil de témoignages, le parti pris a été non pas d’écrire un article, mais d’en faire une bande dessinée démonstrative qui décortique ce que l’on appellera « la mécanique du harcèlement », ou son engrenage.
Comment passe-t-on de la mauvaise blague au harcèlement ?
Un cas classique : un enfant découvre qu’il a un pouvoir de nuisance et que cela lui donne un autre pouvoir, celui de créer du lien avec des complices plus ou moins passifs, de devenir un leader. S’installe alors un jeu, ici au détriment d’une élève. Des blagues au mauvais goût de plus en plus affirmé, des agressions physiques, jusqu’à ce que la victime « craque »…
Dans le scénario tissé par Okapi, l’histoire ne se termine pas mal. La victime ne se présente plus au collège, une de ses camarades donne l’alerte auprès des enseignants, les parents de l’élève fautif sont contactés et convoqués avec leur enfant, et la sanction se transforme finalement en réparation et en bonne action, le harceleur devenant ambassadeur contre le harcèlement.

C’est une histoire exemplaire, donc, conçue ainsi pour pouvoir en tirer des leçons. Elle montre que la prise de parole de la victime, mais aussi, surtout, celle d’un tiers, permet de casser la spirale négative et d’agir. Elle insiste aussi sur le fait que les collégiennes et collégiens qui harcèlent sont aussi, on l’oublie trop souvent, des enfants, qui croient « s’amuser » tout en se rendant intéressant(e)s. Elles et eux aussi ont besoin d’un message précis qui leur est destiné : non, agir de la sorte au détriment d’un(e) camarade, quel qu’en soit le motif, ça n’est pas un jeu. Cela peut être très grave, et, à ce titre, c’est puni par la loi.
Débattre en classe, entre camarades et en famille
Dernière leçon, qui nous concerne, nous, parents : nous sommes inquiets, à juste titre, que nos enfants ou adolescents puissent subir une situation de harcèlement, nous songeons plus rarement qu’ils ou elles puissent se comporter en harceleurs ou en complices… Il y a pourtant – potentiellement – autant de cas d’un côté que de l’autre. Gardons donc aussi une vigilance de ce côté-là, notamment sur le temps passé sur les écrans, puisque les groupes de dialogue sur les messageries cryptées sont des espaces privilégiés pour le cyberharcèlement. Intéressons-nous à leurs activités, montrons de la curiosité et de la confiance : c’est le meilleur moyen pour qu’ils ou elles se sentent bien entouré(e)s et ne se replient pas sur eux-mêmes…
À la fin de cette BD de mise en situation, Okapi rappelle à ses lectrices et lecteurs le numéro de téléphone (3018), à composer si l’on est victime ou témoin d’une situation de harcèlement. Nous incitons aussi les lectrices et lecteurs à proposer de débattre, en classe ou entre camarades, pour prendre conscience ensemble de cette spirale, et faire en sorte qu’elle cesse. C’est un conseil qui vaut aussi pour l’espace de la famille : transformer notre BD en terrain de discussion. Est-ce que cela pourrait exister dans ton collège ? Et comment y faire face ?
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef du magazine Okapi
S.O.S ado en détresse : qui contacter en cas de harcèlement scolaire ?
Plus de 1 collégien(ne) sur 10 est victime de harcèlement. Si tu as besoin d’aide :
• Appelle le 3018, un numéro gratuit et anonyme, accessible tous les jours de 9 h à 23 h. Dispo aussi en appli.
• Va sur e-enfance.org, le site de l’association gérant le 3018. Un tchat y est accessible de 9 h à 23 h.
• Appelle le 119, le numéro de protection de l’enfance, gratuit, anonyme et ouvert 24 h/24.
Si tu veux participer au concours “Non au harcèlement” avec ta classe, rendez-vous sur le site education.gouv.fr.
“Le petit harceleur”, une BD extraite du magazine Okapi n° 1232, 15 novembre 2025. Textes : Juliette Sausse. Illustrations : Dimitri Zegboro.



VIVRE ENSEMBLE, des ressources extraites des magazines Bayard Jeunesse
